Faut-il être de gauche ou de droite ?

Au 18e siècle, les démocraties occidentales ont organisé la représentation politique à partir d’une démocratie plus ou moins représentative structurée autour de cette fameuse échelle de valeur : gauche-droite. Echelle horizontale qui va des valeurs de partage et d’insoumission à gauche à des valeurs d’indépendance, d’autorité et de mérite à droite où le centre tend à la médiation et les extrêmes à la radicalité. Les extrêmes à gauche amènent les valeurs du partage vers l’obligation de donner sans critère de mérite. Les extrêmes à droite amènent les valeurs de mérite vers la généralisation et le préjugé.

Mais est-ce que ces constructions politiques ont un sens et un véritable intérêt pour nous (et quel « nous » ?) ? Faut-il s’engager à gauche, à droite ou cet enjeu politique doit-il être dépassé ?

A quoi sert la politique ?

La politique sert à organiser et structurer les sociétés autour de règles de fonctionnement que l’on appelle lois, décrets, constitution, arrêtés, mentions… La finalité de cette organisation est toujours la suivante : trouver un compromis entre les intérêts des pouvoirs et la qualité du vivre ensemble pour tendre vers une bonne puissance collective.

Si la qualité du vivre ensemble est mal vécue par la population ou les membres d’une organisation, c’est la performance du système de productions des richesses et des pouvoirs qui en pâtit de par la montée de l’incapacité et de la démotivation des individus et des risques de désobéissances et de conflits internes.

Si les pouvoirs qui apportent « non-nuisance », protections, forces ou richesses au régime ne sont pas considérés et n’ont pas d’intérêt à s’inscrire dans l’organisation collective, il y aura des risques de perte de pouvoirs de par la fuite de ceux-ci vers le plus offrant ou par les risques de renversement de pouvoir et de coups d’états que cela peut impliquer.

Tout l’enjeu pragmatique et individuel de l’action politique est de donner plus de pouvoirs aux intérêts que l’on porte. Où ne pas se mobiliser et s’organiser, c’est laisser les pouvoirs des autres empiéter sur mes idées et mes intérêts.

Tout l’enjeu de la « justesse politique » est d’avoir des êtres de raison aux commandes de la constitution et de l’exercice de l’appareil de pouvoir. Appareil qui doit idéalement être le plus efficace et le moins coûteux possible.

De l’intérêt et de la critique de la démocratie

La démocratie permet d’éviter les déséquilibres de pouvoirs et d’intérêts au sein d’une société. L’idéal démocratique vise l’égalisation des pouvoirs des individus qui la composent. Cela est une bonne chose en soi. Le problème, c’est que la démocratie qui a été mise en place n’agit pas directement sur la capacité de pouvoir des gens mais sur la prise de décision collective. La démocratie ne redistribue pas fondamentalement les cartes, les cartes des pouvoirs restent aux mains de ceux qui les détiennent (élitisme), les conquièrent ou les perdent, la démocratie est l’acceptation d’impliquer tous les membres dans le processus de gouvernance.

Or, une bonne décision politique n’est pas forcément la voix du plus grand nombre (de la majorité) qui peut d’ailleurs avoir été acquise par la propagande. Et surtout, cela ne change pas fondamentalement les conditions d’existence du peuple qui chérit plus souvent des idées et des valeurs que des intérêts… Et c’est précisément là où la démocratie est détournée, les classes soumises ont peu de pouvoir car on ne leur a pas appris à s’organiser pour défendre leurs vrais intérêts mais à voter de manière grégaire pour des idéaux… En d’autres termes, les idéologues participent de l’intérêt de rassembler les votes pendant que les véritables pouvoirs (le pouvoir économique du capital, le pouvoir technocratique de l’administratif, le pouvoir militaire des forces combattantes, le pouvoir noétique des inventeurs, le pouvoir politique des médiateurs) périssent ou se développent, se coalisent ou s’opposent sans être vraiment perturbés par la démocratie dont ils ont appris à composer avec.

En l’état actuel, le vote universel n’est pas un pouvoir mais un faux-semblant lié à l’élection de quasi-monarchies représentatives. Le véritable réel pouvoir politique, se situe dans la capacité d’influence. Si le peuple veut réellement se faire entendre : il faut qu’il développe sa capacité à s’organiser pour que le nombre est un véritable contre-pouvoir : celui de la nuisance envers ceux qui ne méritent pas leurs pouvoirs, car ils en abusent.

De l’intérêt et de la critique du mérite, de l’indépendance et de l’autorité

Les idéaux de droites sont loyaux-normatifs. Ils incarnent le désir parental d’avoir une autorité respectée et d’être capable de subvenir aux besoins du foyer sans être trop enquiquiné par autrui. Cette posture psychologique pousse au jugement : ce qui est bien, c’est la capacité et l’autonomie. Et l’idéologie de droite se bat pour que la capacité et l’autonomie soient récompensées et que l’incapacité et l’inautonomie soient punies…

L’intérêt c’est qu’en effet, la capacité et l’autonomie produisent richesses, indépendance et pouvoirs. Ce qui est critiquable, c’est la manière souvent trop ferme et persécutrice de mener les citoyens vers ce respect de la capacité dans une démarche non inclusive, voire discriminante. Le respect unique de la capacité est une aliénation, ce qui va dans le sens de l’intérêt commun : c’est la volonté d’aider la société entière à être plus capable et autonome. Ce qui est nocif à droite, c’est le ressentiment de l’humain qui souffre d’une trop lourde moralité (valeur travail, valeur famille, valeur force, valeur masculine, valeur raciste).

De l’intérêt et de la critique du partage et de l’insoumission

Les idéaux de gauche sont rebelles-nourriciers. Ils incarnent le désir légitime d’avoir une liberté de plaisirs et d’être respecté de manière inconditionnelle d’une part et ils reposent sur la compréhension que la qualité de la vie humaine à besoin d’un meilleur partage d’autre part. Cette posture pousse au jugement : ce qui est bien, c’est la solidarité et le respect des différences. Et l’idéologie de gauche se bat pour que la solidarité et le respect des différences soient appréciées et que l’exclusion et l’intolérance soit combattues.

L’intérêt c’est qu’en effet, la solidarité et le respect des différences produisent sécurité et plaisirs sociaux. Ce qui est critiquable, c’est la manière parfois non constructive de mener les citoyens vers ce respect des différences. L’esprit rebelle est inefficace, ce qui va dans le sens de l’intérêt commun : c’est la capacité de prévenir et de corriger les abus de non inclusion. Ce qui est nocif à gauche, c’est le ressentiment de l’humain qui souffre d’une trop grande incapacité.

Quelle pourrait être l’organisation politique idéale ?

Les idéaux politiques sont révélateurs de ce qu’est l’humain en société. La qualité de la société est le reflet de la santé psychologique et de l’éducation reçue par les individus qui sont à l’origine des conflits psychologiques qui en découlent. Il y aurait peut-être ni gauche, ni droite si tout individu recevait un éducation aimante et encourageante, structurée et sécurisante, tolérante et autonomisante. Il y aurait ainsi : respect fondamental de chacun et accompagnement de tous vers leurs autonomies et leurs conditions de bonheurs où l’enjeu politique ne serait pas affaires de débats stériles sur fond de combats idéologiques mais d’un espace de réflexion et de création pour penser et permettre un meilleur bonheur et avenir à tous.

D’un point de vue plus concret, l’organisation politique idéale est :

  • celle qui protège sans opprimer
  • celle qui unie sans contraindre
  • celle qui améliore sans en oublier certains

En cela, le système de représentation démocratique vu comme un modèle bottum-up est un outil important pour la qualité de la vie publique où ici le meilleur gouvernement est celui qui synthétise toutes les préoccupations exprimées sans en négliger une seule pour en faire naître des solutions et décisions les plus équilibrés possibles envers les intérêts pluriels du peuple.

Et pourquoi faudrait-il un gouvernement élu ou en d’autres termes une monarchie élue ? Le meilleur gouvernement ne serait-il pas celui qui est évalué dans ses compétences de synthèse et de solutionnement ? Le gouvernement élu ne court-circuite t-il pas la pluralité de l’assemblée en proposant ses solutions toujours trop influencées par son parti et par les lobbies qui l’ont aidé dans sa quête du pouvoir ?

Par ailleurs, on peut aussi se poser la question de la limitation des champs des décisions à celui du Peuple. Ne faudrait-il pas ouvrir des représentations pour la cause du vivant-non-parlant ou exclu du système de représentation comme la cause des nourrissons, des enfants, des handicapés, des végétaux, des poissons, des animaux sauvages, des animaux d’élevages et des animaux domestiques ? Ne pourrait-il pas y avoir au même titre que les avocats dans les tribunaux, des avocats représentatifs des populations vivantes pour faire entendre leurs points de vue dans les tribunes des assemblées ?

Et pourquoi à l’ère du numérique, les assemblés doivent-elles encore être physiques et opérées par la paroles des tribuns publiques ? Ne pourrions nous pas envisager une assemblé numérique où l’écrit et les schématisations visuelles plus apte à la création de solutions seraient débattues et perfectionnés dans une forme d’intelligence collective augmentée ?

3 commentaires sur “Faut-il être de gauche ou de droite ?

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  1. La capacité d’influence, c’est un « rapport de forces » à instaurer.
    Nos « politiques » l’ont si bien compris que les lois contre les « hate crimes » se multiplient avec des visées qui ne sont pas toujours celles affichées par ceux qui conçoivent ces lois qui sont des lois de CENSURE ETATIQUE.

    Car, comment aujourd’hui, avoir de l’influence, se faire entendre s’il n’est plus permis de se servir de la comédie pour corriger les moeurs ?
    Les « hate speech law »‘ veulent en effet interdire la « satire » politique au motif qu’il ne doit plus être permis de « blesser » ou de « heurter » quelqu’un.
    To « hurt »…

    En fait, nous sommes confrontés au retour d’un diktat religieux qui ne dit pas son nom :
    – le crime de lèse-majesté qui oblige tout citoyen à respecter la « fonction » qu’importe si l’homme n’est pas respectable…
    Et ce d’autant plus qu’au nom du respect à donner à cette fonction, il est interdit de CRITIQUER L’HOMME qui agit mal en tant que « fonction-naire » (corruption active ou passive, prévarication, trafics d’influences et j’en passe…).

    – et le délit de blasphème qui interdit déjà aujourd’hui de critiquer les « superstitions » religieuses,
    sous prétexte là aussi de ne pas « blesser » ou « heurter » les pratiquants de certaines religions.
    Sachant que certains pratiquants n’hésitent pas à tuer au nom de leur religion !
    Mais ça, c’est une « incompréhension » de leur religion qui…
    DOGME ETATIQUE :
    – religion qui… ne peut être que bonne !

    Donc,oui, la question est :
    – Comment réussir à avoir un cercle d’influences dans un monde politique où les plus libéraux se saisissent de la censure d’Etat pour vous… faire taire ?
    Donc vous « tuer » politiquement et parfois… réellement !

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