Pourquoi « perdre » est-il si dur à vivre ?

On peut perdre à un jeu, on peut perdre de l’argent, un travail, un proche, un amour, un but, une illusion…

Perdre est très souvent compliqué à vivre dans notre culture de la « Win » car on ne nous apprend pas à perdre mais à constamment devoir gagner

Qu’est ce que l’on perd lorsque l’on perd au jeu ?

Quand on joue au jeu, on ne joue par pour rien, on joue pour :

  • être accepté
  • être stimulé
  • s’évaluer et trouver sa place parmi les autres
  • obtenir de la reconnaissance

Où l’envie de gagner à tout prix est le symptôme d’un mal de reconnaissance dans le milieu dans lequel s’inscrit le jeu. Lorsque nous avons été humilié par au moins un des joueurs que ce soit dans ce jeu ou dans la vie.

Qu’est ce que l’on perd lorsque l’on perd de l’argent ?

Quand on perd de l’argent, on perd un potentiel pour :

  • Se faire plaisir
  • Développer des projets
  • Se faire aimer
  • S’estimer

Où l’envie de gagner de l’argent « à tout prix » et qu’en perdre est vécu comme un cataclysme intérieur sont les symptômes d’une mauvaise estime de soi. Lorsque nous estimons notre valeur à ce que nous sommes capables de rapporter. Lorsque nous avons honte de gagner moins ou d’avoir perdu dans une affaire plus risquée qu’à l’accoutumée.

Qu’est ce que l’on perd lorsque l’on perd un travail ?

Quand on perd un travail, on perd un milieu nourricier.

Le travail nourrit :

  • notre portefeuille
  • notre sécurité pour soi et nos proches
  • notre socialité
  • notre fierté

Où le fait de vivre pour travailler est le symptôme d’un besoin de plaire déséquilibré. Lorsque je m’oublie moi et les miens pour satisfaire les attentes de mon « papa Boss » ou « papa Patron ». lorsque je ne suis pas maître de ce qui est bon pour moi, mais esclave de ce qui est bon pour ceux qui me nourrissent.

Qu’est ce que l’on perd lorsque l’on perd un proche ?

Quand on perd un proche, on perd :

  • de la sécurité (plus l’on a de proches affectueux, moins on a peur)
  • de l’amour à recevoir et à donner
  • la suite d’une histoire qu’on se racontait ensemble et dont imaginait tel ou tel avenir.
  • de l’espoir-illusion (une connexion n’est pas éternelle, une vie ne l’est pas non plus)

Où le fait de trop s’investir en autrui est le symptôme de l’incapacité à s’investir en Soi. Lorsque je me dévoue à quelqu’un pour le confort d’un « Nous » plus ou moins équilibré et précaire. Lorsque je ne sais me trouver bien quand je me retrouve seul. Lorsque mon niveau d’autonomie n’est pas suffisant. Lorsque je reste cramponner à des histoires affectives qui sont belles et bien terminées.

Dans le cas d’une disparition, il y a bien sûr la douleur lié au lien coupé, à l’attachement heurté. Attachement jusqu’à présent inconscient qui lors du départ surgit en douleur consciente… Où il faut savoir être à l’écoute de sa tristesse, où pleurer c’est accepter la douleur et avec elle la tragédie (qu’il y ai une fin).

Qu’est ce que l’on perd lorsque l’on perd un amour ?

Quand on perd un amour, on perd un avenir familial composé :

  • de plaisirs partagées
  • de tendresse
  • de soutiens
  • d’enfants et de petits enfants à venir

Où le fait d’être dans une relation amoureuse déséquilibrée est le symptôme de l’idéalisation. Lorsque je projette sur l’autre mon idéal amoureux sans en avoir sondé la cohérence réelle. Lorsque j’aime sans condition un être qui m’aime à condition. Lorsque je n’ai pas la capacité pour séduire le partenaire qui me conviendra durablement. Je me perds dans les marécages de l’amour.

Je vous partage ici un schéma qui permet de se représenter les étapes psychique à passer lors d’une rupture affective :

étapes d'une rupture affective

Qu’est ce que l’on perd lorsque l’on perd un but ?

Quand on perd un but, on perd une solidité existentielle, un phare dans la nuit.

Où le fait d’abandonner est le symptôme que le but et la direction que nous nous sommes donnée était trop fragile et que la désillusion que nous offre l’expérience aura eu raison de nos croyances trop naïves.

Pourquoi voulons-nous autant gagner ?

Lorsque nous voulons gagner en excès de la sécurité, du confort, de l’argent, de l’amour, de la fierté, de la reconnaissance c’est que nous en avons peut-être été trop longtemps privés…

L’excès est peut-être le symptôme d’un accumulation de manques que la raison-volonté n’arrive pas à contrôler.

Il y a trois manières d’agir sur nos manques, chercher à le combler à l’extérieur dans une accumulation matérialiste qui ne résout pas les sur-manques (maltraitements psychologiques) ou en se droguant et en devant augmenter toujours plus la dose, ou en cherchant à le diminuer le manque intérieurement, par la méditation, l’activité physique et la qualité de son alimentation (biologique et mentale).

6 commentaires sur “Pourquoi « perdre » est-il si dur à vivre ?

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    1. Bonjour Rosalie,

      Oui en effet le modèle de conduite « Sois fort » si présent dans nos cultures nous empêche d’exprimer la tristesse qu’il y a en nous. Tristesses et larmes qui permettent à notre psychisme d’évacuer la charge émotionnelle et de pouvoir tourner la page dans note subconscient.

      Toute séparation avec un proche est une grosse épreuve. Et comme vous le dites, l’important est d’apprendre à vivre sans cette personne et toute action en faveur de cette autonomie à trouver ou à retrouver est la voie vers le retour de l’équilibre.

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  1. Merci pour cet article qui évoque pas mal de sujets que l’on connait tous et toutes à un moment de sa vie avec plus ou moins de difficultés. Je sais qu’il y a pire, mais j’ai récemment perdu mon amie féline et j’ai été choquée par l’immense douleur et le rejet que ça a généré chez moi, contrairement à mon compagnon qui a un rapport plus paisible avec la vie, la mort et la séparation.
    Hier j’ai lu le petit livre « Lâcher prise: dire oui à la vie » de Rosette Poletti et j’ai bien aimé un passage où elle évoque l’intérêt des rituels dans la perte: de même qu’il existe des rituels acceptés de célébration quand on « win » quelque chose (un travail, une promotion, un appartement, un mariage, une naissance…) elle suggère d’en réaliser lorsqu’on perd quelque chose (cérémonie de divorce, rencontres autour du deuil avec ses proches où l’on prend le temps de parler de ses sentiments, rédaction de lettres qu’on brûle pour marquer la fin de quelque chose etc). Votre article m’a fait penser à ça, car comme vous l’écrivez, j’ai l’impression que la perte est quelque chose d’assez tabou finalement, un phénomène à vivre dans la solitude et que l’on doit à tout prix dépasser vite pour gagner autre chose.

    Aimé par 1 personne

  2. Très bon article retraçant toutes Le difficultés que l’on peut rencontrer dans notre vie.
    Perdre est également inévitable mais permet de se renforcer.
    Nous pouvons perdre à un jeu, échouer dans nos objectifs, ou bien perdre de l’argent mais cela nous apprend à mieux faire les fois suivantes.
    L’humain n’aime pas perdre et nous bloque souvent à agir.
    Mais avoir peur de perdre n’est elle pas également une prison qui nous empêche de nous réaliser pleinement?

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