La vie est foncièrement injuste.
Selon que nous naissons d’un côté ou de l’autre d’une frontière plus ou moins riche et libre, d’un milieu social plus ou moins favorisé, d’une parentalité plus ou moins dysfonctionnelle, d’un brassage génétique plus ou moins avantageux. Nous aurons un accès différent à ce qu’il y a de bon et de mauvais à vivre sur Terre.
Qu’est-ce que pourrait-être le Juste ?
Le Juste est un idéal de partage et de distribution ÉQUITABLES des richesses, des pouvoirs et des devoirs au sein d’un groupe ou d’une société.
Cela peut paraître simple dit comme ça mais cela est en fait d’une difficulté abyssale.
Le Juste Optimal, c’est la recherche de l’équité dans le respect de la différence. C’est cela qui est ambivalent et qui rend le chemin vers le Juste si complexe, car il y a mille motifs d’inéquités et donc de différences à contester (les richesses, les classes sociales, les droits, les obligations, la beauté, le pouvoir, le savoir, les capacités physiques, l’intelligence, la reconnaissance, l’affection…) et mille motifs de « justification » de ces différences (La Performance, le Mérite, le Beau, le travail, Dieu, le Respect du Chef, la loi du Hasard, les lois de la Physique, la Nature, la Volonté de Puissance…).
C’est ainsi qu’à chaque fois qu’une de ses différences est contestée par les lésés en colère, il y a quatre camps idéologiques qui se forment en réaction :
- les privilégiés individualistes qui trouvent toutes formes d’explications ou de prétextes pour justifier leurs avantages vis à vis des autres qui eux n’ont pas été à la hauteur de l’accès à leurs conditions. S’il n’y avait plus d’inégalités, il n’y aurait plus de justice.
- les totalitaristes qui cherchent à faire conformer la somme des individus vers un modèle de personnes moralement voire physiquement identiques. S’il n’y avait pas de différence, il n’y aurait pas d’injustice.
- Les lésés identitaires qui s’identifient à leur condition défavorable et en sont fiers. S’il n’y avait pas d’injustice, je ne serais pas moi.
- Les réactionnaires qui cherchent des justifications à l’ordre social dans des raisonnements illusoires et des religions préconçues. S’il n’y avait pas d’injustice, il n’y aurait plus d’Ordre Etabli.
Et cela n’est qu’un débat de fond sur l’injustice existentielle de la condition humaine qui conduisent à toutes formes d’idéologies, et je n’aborde pas le débat sur la position dominante de l’humanité sur le reste du vivant… Où se trouve la limite du groupe et de la société à rendre plus équitable ? Sur quels critères se fait l’accès au Juste ? »
Plus pragmatiquement, le Juste se situe comme indiqué dans sa définition : dans les modalités de partages des richesses, des pouvoirs et des devoirs. Et là encore, rien est simple :
Mon côté « nourricier » (cfr. Analyse Transactionnelle PNr) me fait envisager l’idéal d’une distribution des richesses sans condition. Cependant si tous les bienfaits me sont octroyés sans labeur, à quoi bon individuellement les produire. Cela pose la question du mérite et de la motivation des individus et des système de récompenses et de sanctions.
Mon côté « normatif » (cfr. Analyse Transactionnelle Pnf) me fait envisager l’idéal de distribution du pouvoir de manière totalement partagée. Cependant la dilution des prises des décisions peuvent nuire à la réactivité face à des décisions urgentes et le fait de donner du poids dans les décision à des personnes qui ne sont pas en capacité de maîtriser les sujets de ces décisions est également nuisible. Cela pose la question de la performance du pouvoir et des systèmes politiques.
Mon côte « normatif » encore, me fait envisager l’idéal de distribution des devoirs de manière également inconditionnelle. Cependant qu’en est-il des personnes dont les devoirs sont des exigences inaccessibles, inatteignables ou éreintantes ? Cela pose la question de l’altérité et des systèmes d’ajustements et d’accompagnement.
Au delà d’une réponse au besoin primaire de mettre fin à une ou plusieurs colères, le Juste a pour vocation d’apporter plus de pérennité au collectif (éviter les conflits et les guerres) et pour mission de favoriser l’épanouissement général des individus. C’est ainsi que le Juste doit aller plus loin que la simple notion de distribution de richesses et doit inclure un support à l’épanouissement par le partage des pouvoirs qui apporte de la Liberté et des Devoirs qui apportent du Sens.
Et là encore, dans notre monde en grand déséquilibre écologique où la qualité de vie sur terre est en péril. Une vie équitable et épanouie n’est pas suffisante, il faut aussi qu’elle puisse être durable.
Pour cela, il faut faire évoluer les positions de pouvoir en faveur de cet idéal. A savoir que derrière toute injustice se cache un déséquilibre des rapports de forces entre des dominants et des dominés.
Quels sont les fonctionnements naturels face aux positions dominantes ?
A partir des travaux d’Albert O. Hirschman, face à une autorité qui nous soumet, il y a trois réactions fondamentales qui peuvent s’exprimer plus ou moins intensément selon les modes d’exécution de cette autorité, notre éducation et ce que l’on pourrait nommer notre « tempérament » :
- La fidélité qui cherche l’adhésion à une autorité en vue d’en tirer des bénéfices (stratégie d’obtention de privilèges par la satisfaction des dominants)
- La fuite qui cherche une situation meilleure dans un marché d’offres concurrentes. (stratégie d’évitement des insatisfactions par la recherche d’un meilleur dominant)
- L’expression directe et collective qui cherche à lutter contre les abus générés par des organisations et des autorités abusives. (s’unir à une force collective qui vient corriger les dysfonctionnements sociaux liés à des rapports de forces défavorables)
Les avantages de la fidélité sont :
- la capacité d’engagement des individus à servir un but commun
- la stabilité des organisations
Ses inconvénients :
- la non-remise en question des abus de positions dominantes
- l’impact négatif de la rigidité des organisations sur les motivations individuelles
- La mauvaise circulation des richesses et le statuquo économique
Les avantages de la fuite sont :
- la capacité à sanctionner rapidement un abus de position dominante par la fuite de ses utilisateurs, usagers, travailleurs…
- la stimulation de l’innovation par l’appât du gain des fondateurs de nouvelles organisations et par la compétition inhérente à la Loi du Marché
Ses inconvénients :
- la part d’aléatoire et de gaspillage dans le développement des nouvelles structures (qui parfois sont trop nombreuses à offrir plus ou moins la même chose)
- le coût élevé du commerce et de la publicité (environ 30% des PIB) ainsi que du coût de la rémunération du Capital (sans compter l’injustice foncière de la spéculation).
- La concentration des richesses vers ceux qui sont en capacité de créer de bonnes organisations ou de faire du lobbying
Les avantages de l’expression directe sont :
- Le faible coût économique de l’amélioration (pas besoin de réinventer et de créer une autre structure pour produire un meilleur service, pas besoin de la commercialiser non plus)
- La possibilité de prise de conscience directe et effective des abus par les individus porteurs de positions dominantes
Ses inconvénients :
- La nécessité d’ouvrir le conflit entre les privilégiés et les désavantagés et donc la possibilité d’attitudes belliqueuses stériles et de souffrances liés à l’éventuelle montée des violences
- La possibilité que les pouvoirs ne soient pas redistribuer aux forces qui servent au mieux la justice et le bien commun
A partir de là, existe-t-il une synthèse qui réunirait les avantages de chacune et en éliminerait leurs inconvénients ?
Oui et on pourrait nommer celle-ci l’Optimalisme
Quel pourrait-être l’optimal politique et économique de développement d’une société plus juste ?
La Voie Optimaliste :
- La Non-Violence : l’action collective qui arrive à sanctionner et corriger les positions dominantes en faisant l’économie maximum de souffrances individuelles
- La Transparence : la capacité des personnes, des groupes et des médias à produire de l’information juste et à lutter contre les formes d’obscurantismes qui mènent à l’isolement ou aux totalitarismes
- La Démocratie optimaliste : la capacité à créer une dynamique démocratique qui viendrait en complément de la démocratie représentative continuellement interpeller les institutions pour conseiller les institutions, sanctionner les concentrations de pouvoir et récompenser les progrès sociaux et écologiques. On pourrait nommé cela la Démodynamie.
Comment les libéraux ont-ils pu ériger la Loi du marché à l’échelle du Monde ?
Comment les optimalistes vont-ils ériger la Loi de la Négociation à l’échelle du Monde ?
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