Au travers de cette question je veux tenter de mieux cerner le fonctionnement de nos êtres.
Ce n’est pas une mince affaire et n’ayant pas passé des années pour réunir les savoirs sur la question, je vais surtout m’appuyer sur l’expérience de mes 40 années d’humanité, mon esprit d’analyse et de solutionnement et les notions de savoirs philosophiques, psychologiques, anthropologiques et sociologiques en mon humble possession.
C’est quoi « être » ?
Examinons la notion qu’il y a derrière le terme « je suis ».
Je vois trois manières d’aborder le fait d’être :
- je suis une personne, une identité
- je suis un être, une sensibilité
- je suis un esprit, une conscience pensante
L’identité
L’identité est est un phénomène beaucoup plus culturel et sociologique que psychologique, c’est la société qui me prescrit mon identité, avec en premier lieu, mon prénom qui de part sa signification pour mes parents et son genre, me pressurisera et m’encouragera socialement vers un premier rôle social auquel je vais devoir me conformer pour n’être, ni exclu, ni mal aimé.
Le fait d’être parmi les autres enclenche une pression à être selon des normes sociales et culturelles. Les autres attendent des choses de nous. Ces attentes produisent des systèmes de valeurs et de croyances qui évoluent en fonction des structures de pouvoir au sein des groupes. Le groupe me construit socialement, il me fait être. Il me fait devenir un agent social au service de mon groupe en interaction avec d’autres groupes plus ou moins puissants.
Par nature, l’identité est un effort à être ce que les autres veulent que je sois.
L’identité sociale nous aliène au travers des systèmes historiques et culturels de domination à l’œuvre comme le patriarcat (système dans lequel le sexe promulgue qui fait quoi dans le foyer et la société), le capitalisme (les riches qui font travailler les pauvres), le « militariat » (les chefs militaires qui prennent le contrôle des sociétés), le « culturariat » (les élites intellectuelles qui influencent les croyances et les comportements).
Nous sommes des êtres historiques et culturels, c’est l’histoire des rapports de pouvoirs, des langages, des comportements et des représentations élaborée dans mon milieu social en confrontation avec les autres qui me fera être socialement ce que je suis et c’est dans mes perceptions et mes affinités avec cette agrégation biologico-culturelle que je construirai mon identité.
Quand je dis « je suis … », j’énonce par la suite la plupart du temps un rôle qui m’indique un niveau de pouvoir. Je suis un être hiérarchisé socialement où défendre mon identité, c’est défendre ma structure sociale et mon pouvoir là-dedans. Je suis un être aux autres. Un être social.
Mais pas que.
La sensation
La sensation d’exister est une autre manière d’aborder l’être.
J’ai la sensation d’être, parce que je suis un être vivant.
Je suis un être social et biologique.
De plus, la biologie humaine est en interaction dynamique avec le social et le culturel.
Un exemple saisissant est celui de la communication symbolique par la parole humaine. Elle est le fruit d’une évolution biologique soutenue dans ce processus par la puissance sociale et culturelle générée. L’usage des cordes vocales combinées à l’imagination a augmenté les systèmes de coordination et d’organisation entre individus renforçant la puissance de notre espèce et les groupes d’individus ayant les cerveaux et les larynx les plus performants, développant ainsi ces deux particularités pour notre espèce.
En gros le biologique se construit par ce qu’on pourrait appeler « la politique du monde animal ». Mon corps est « sculpté » par des impératifs d’enjeux de pouvoir sur des milieux, entre les espèces et entre les individus au travers des besoins d’accès aux ressources vitales et reproductives.
La supériorité extraspécifique qu’apporte la cognition est un facteur historique de ma biologie d’être humain.
Cette cognition produit en moi : des sensations, des envies, des émotions, des imaginations, des paroles, des représentations, des concepts, des agissements.
C’est aussi ça être, c’est être un corps animé et sensible au travers d’un processus de production de comportements individuels plus ou moins conditionnés biologiquement et socialement. Ce processus qui participe de la perpétuation de la particularité de mon espèce dans l’inouï des tentatives biologiques de la vie, du vivre, du vivant. La vie m’est, je suis un être vital, un être biologique.
Mais pas que.
La conscience
La conscience d’exister est une autre manière d’aborder l’être.
La conscience augmente la sensation biologique d’exister.
Dans le dictionnaire Le Robert, on peut lire que la conscience est la connaissance immédiate de sa propre activité cognitive.
C’est une bonne première approche, que je trouve trop réductrice. Je vais me permettre d’étendre le champ de ce que je ressens être la conscience.
Je la redéfinirais ainsi : la conscience est la « connaissance immédiate » de toute chose qui est l’objet de son attention.
La notion de connaissance immédiate est perçue de ma part comme une synonymie un peu « faute de mieux ». Il y a clairement quelque chose de l’ordre de l’immédiat. Il y a bien quelque chose de l’ordre de la connaissance. Cependant la connaissance renvoie trop à la notion de compréhension totale qui est une activité cognitive pas du tout immédiate voire impossible… Je préfèrerais ici la notion de perception.
En affinant et compliquant un peu donc, je dirais : la conscience est la perception immédiate de toute chose qui est l’objet de son attention.
La conscience est le canal de perception de l’intellection humaine permise par l’attention.
En fait, je perçois le phénomène de la conscience comme une sensation pour l’être comme l’est la sensation du touché par la peau.
Le conscience serait en fait un élément constitutif d’un 6ème sens pour notre être, celui de l’intellection qui comme pour tous les sens, permet de concevoir le milieu dans lequel l’être est pour mieux y évoluer.
Maintenant que la définition me parait suffisante pour avancer, il me semble important de comprendre le rôle de la conscience.
Pour cela on pourrait imaginer un mode de fonctionnement purement inconscient. Ce mode existe.
C’est l’automatisme qu’il soit électronique pour les machines ou psychique pour les corps.
je suis programmé pour vivre, je peux mettre mon attention sur l’air qui rentre dans mes poumons, sur mon coeur qui bat, ce fonctionnement est automatique à part quand j’en prends les manettes, certes, je ne peux décider mon coeur de s’arrêter mais je peux agir sur lui en contrôlant ma respiration et mon stress.
La conscience aime à aller là où elle peu agir, là où elle conservera suffisament son attention pour en produire un pouvoir. Ma conscience est comme une divinité pour les cellules de mon corps, elle en dirige ses muscles. Ma conscience est comme une divinité pour mon esprit, elle lui passe des commandes de sujets à résoudre même quand cela le concerne lui-même. Et enfin ma conscience fait de mon être une co-divinité parmi les autres humains, elle me donne du pouvoir social en fonction des arguments, des récompenses et des sanctions possibles en ma possession.
Nous sommes des êtres biologiques, sociaux, conscients et créatifs. Nous sommes des êtres biologico-sociologico-spirituels.
Laisser un commentaire