Quelle est la juste place à laisser à ma séductivité et à mon égo ?

Dans l’article précédent, ma quête de compréhension de ce que pourrait être un égo sain, m’a amené indirectement à remettre en question le fait de vouloir fonder un foyer. Dans cet article je veux tenter de résoudre 2 questions :

  1. Dans quelle mesure l’impératif sociétal et la pulsion biologique qui me pressent à devenir papa sont-ils une bonne ou une mauvaise chose pour mon bonheur et celui des autres ?
  2. Si mon égo me presse à me valoriser à des fins reproductives et si je ne veux pas me reproduire, à quoi mon égo peut-il me servir ?

Avant tout, je vous propose d’explorer dans quoi ma séductivité et mon égo vont devoir se recomposer une place. j’ai pris la décision en début d’année de mettre la spiritualité au coeur de toutes mes préoccupations. Je me suis spiritualisé et cela bouscule fortement mon système de représentation de moi et du monde. Remettant en question la place de mon égo et de la séduction dans ma vie.

Il y a une infinie puissance-beauté du monde et de la vie. Plus je m’y rends sensible et plus il m’est bon de vivre. Ne pouvant vivre heureux sans me fondre dans cette grâce, je ne peux échapper au sens de la valeur. Valeur qui est poursuite de l’harmonie. L’harmonie, je l’ai trouvée dans la méditation. Je ressens régulièrement un flux jouissif et harmonisant de mon corps et de ma conscience. En cela, il y a un Beau et un Bon dont le Réel nous plonge quand nous laissons notre conscience inagitée, quand nous faisons Néant de nous-même.

Faisant partie de la vie, étant étant, je me dois d’être et de devenir. Ce que je veux dire par là, c’est que l’optimal existentiel ne peux se limiter à une vie monacale, où je tournerais le maximum de mon attention chaque jour vers la contemplation, vers cet état de grâce en résonnance intérieure profonde avec cet infiniment bon et infiniment beau de la vie qui m’irrigue quand je me relaxe, quand je fais silence, quand je laisse ce petit peu de corps-conscience sans agitation.

Si je me perdais dans ce kif individuel de communion avec l’harmonie de la vie, qui est actuellement une démarche solitaire, il y aurait du gâchis, pour le monde et pour moi. En fait, il est possible de vivre heureux dans le flux du monde qui nous produit et qui me produit, qui nous bouscule et me bouscule.

Il est possible d’être à l’écoute de mes pulsions sociales et de conserver une vie consciente harmonieuse. Me spiritualiser n’est pas une objection à être dans ma chair, dans la matière, dans les enjeux de la vie à travers les vies humaines, en le cosmos, avec les autres. La Spiritualité nourrit la Matérialité. La Matérialité nourrit la Spiritualité. Nous pouvons relationner avec le monde, avec les autres et garder son corps et ses sentiments en harmonie avec le beau et le bon de vivre. Libéré de mes peurs abusives de l’autre, l’harmonie se révèle être partout, dans l’amour, dans la peur, dans la tristesse, dans la colère des humains et des vivants qui vivent et qui vivent encore et encore.

Ayant compris cela, je me dois d’amener ma spiritualité (ma communion avec l’harmonie) dans tous les moments et les émotions de ma vie et pas uniquement quand je médite. La méditation doit devenir un automatisme de mon activité nerveuse. Je dois l’amener partout avec moi. L’emmenant partout avec moi, elle éloigne de mon système nerveux, les troubles.

Pourquoi la méditation chasse-t-elle les troubles que l’égo et la séduction sème ?

Première hypothèse : elle arrête l’agitation mentale qui a été excitée par mes enjeux égotiques qu’ils soient névrotiques ou non. Elle met également mon système nerveux en état de réceptivité. Cette réceptivité n’étant plus polluée par les tensions, elle entre en résonance avec l’incroyable beauté et bonté de l’organisation biologique qui le constitue me faisant vivre des sensations de transes et de plénitudes.

Deuxième hypothèse : La méditation arrête l’agitation mentale mais les sensations de transes et de plénitudes sont liées à un phénomène d’autohypnose. C’est mon conditionnement à ressentir du kif qui me fait kiffer la méditation. Autrement dit, le sentiment d’harmonie serait un effet placebo. Un processus connu des hypnotiseurs : une production de mon inconscient suite à une autosuggestion dans un état d’induction.

Troisième hypothèse : Les troubles sont liés à des déficits et déséquilibres hormonaux, l’arrêt de l’agitation mentale provoquerait un apaisement, générant une production de dopamines et d’endorphines.

Quelles qu’en soit les raisons, la méditation chasse bien les troubles.

Alors, pour reprendre le fil du sujet : que serait la poursuite de mon instinct d’individuation et de reproduction avec un système nerveux en état harmonieux permanent de kif et de réceptivité ?

Il y a un fait neurobiologique qui me fait séduire -> ma représentation de moi parmi les autres conjuguée à mes hormones sexualisantes et parentalisantes.

Etant vivant et pleinement réconcilié avec la vie, je kiffe mon corps avec tous ses besoins, toutes ses pulsions, toutes ses sensibilités et toute sa cérébralité.

N’ayant pas peur de vivre, j’écoute et je kiffe mes pulsions et j’en fais quelque chose.

N’ayant pas peur d’avoir peur, j’écoute et je kiffe ma raison et j’en fais quelque chose.

Je pense pouvoir être maintenant en mesure de répondre à la question : dans quelle mesure l’impératif sociétal et la pulsion biologique qui me pressent à devenir papa sont-ils une bonne ou une mauvaise chose pour mon bonheur et celui des autres ?

L’impératif sociétal ne doit pas me conditionner sur ce chemin là car il est intoxiqué par les maltraitements.

La pulsion biologique doit être écoutée car il est bon d’engendrer la vie consciente et de la parenter harmonieusement le temps qu’il faudra. Cela me parait envisageable si je suis amené à relationner avec un être ou plusieurs êtres où l’alignement amoureux et parental semble respecter toutes les conditions d’une harmonie conjugale et parentale à venir, avec les cris et les pleurs, les odeurs et les douleurs. Cette décision devra s’inscrire dans mon principe d’harmonie de ma vie humaine : tout ce que je fais doit être en phase avec ce que je comprends.

Ceci m’amenant à pouvoir répondre à la deuxième question : si mon égo me presse à me valoriser à des fins reproductives et si je ne veux pas me reproduire, à quoi mon égo peut-il me servir ?

Si mon égo me presse à ma valoriser à des fins reproductives, c’est que je n’ai pas compris comment fonctionnait mon être. Ce qui me presse à me valoriser à des fins reproductives, ce n’est pas mon égo, c’est à dire la représentation que je me fais de moi dans le prisme de l’intériorisation de mon interprétation du regard des autres sur moi. Ce qui me presse à me valoriser à des fins reproductives c’est mon instinct de reproduction au travers de la pulsion générée par mes hormones reproductives (testostérones et œstrogènes), parentalisantes (oestrogènes et ocytocines) et de récompenses quand je reçois les signaux que je plais (dopamine).

Mon processus de spiritualisation thérapeutique fait que la représentation que je me fais de moi est de moins en moins biaisée par de la douleur psychique. Ma représentation de moi étant de plus en plus saine, elle me permet de valoriser mon vivre sans avoir à trop déformer mon être. Je suis de plus en plus serin dans mon expression publique. Elle devient de plus en plus une expression de mon corps libérée de mes représentations et enjeux illusoires de moi.

Si je déforme moins mon être, si je triche moins, si je mens moins, si je me dissimule moins, si je m’approprie moins la beauté ou la puissance produites par d’autres. Mon égo devient alors une plus juste représentation de moi qui me permet de produire une personne capable d’harmonie avec l’autre en quête de beauté, de puissance et de justesse avec le monde.

Mon Moi est alors de plus en plus désactivé, dédomestiqué et devient alors ce qu’il doit être : un matériau souple et ductile sculptable par ma seule conscience afin de permettre nos meilleures histoires collectives.

Prochain article dans le fil de cette thématique : comment diminuer mon égo sans y laisser des plumes ?

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