Comment bien juger ?

La cognition produit de la condamnation quand :

  1. Je me sens victime
  2. Je me sens responsable
  3. Je me sens inquiet
  4. Je me moque

A quoi cela me sert t’il de juger dans ces moments-ci ?

1 – Quand le mental fait une affaire personnelle d’une situation où la représentation qu’il se fait de moi est pour lui lésé, il va alors automatiquement embrailler sur l’imagination de scénarios de vengeances et/ou de revanches.

Est-ce que cela est-il utile ?

Non.

Pourquoi ?

Parce que, d’une part, ce type de pensées est hautement chargé en émotions négatives et cela induit de la souffrance psychique et physique. Et que d’autre part, la revanche et la vengeance sont des scénarios construits dans une cérébralité perdante car aucunes de ces deux voies ne peut amener du bon bonheur.

Ce qui amène du bon bonheur, c’est le plaisir de vivre et pour cela il faut conquérir de la paix.

2 – Quand le mental s’approprie un champ de responsabilité, il va alors automatiquement chercher une manière de protéger et de bien nourrir cette appropriation. Pour protéger et bien nourrir son champ de responsabilité, il est nécessaire de juger ce qui est bon ou mauvais pour lui. Ici le jugement est nécessaire.

Ok, alors ici, où est le problème ?

Le problème réside ici quand le mental se charge des préoccupations inutiles, et cela lorsqu’il investi et ne remet pas en question deux types de responsabilités dysfonctionnelles :

  1. Les responsabilités inadaptés
  2. Les responsabilités inopérables

Les responsabilités inadaptées, ce sont les responsabilités qui font doublons. Par exemple, lorsqu’un adulte parente un autre adulte sans qu’une tutelle n’ait été contractualisée. Ou lorsque le mental se préoccupe de la protection ou de la nutrition de la responsabilité d’une autre personne sans qu’une relation managériale ou mentorariale ne soit contractualisée.

Les responsabilités inopérantes, ce sont les responsabilités qui ne produisent pas de pouvoir. Lorsque les moyens ne sont pas à la hauteur de la réussite ou lorsque cette réussite n’est pas remise en question par l’expérience. L’art de réussir, est ici avant tout l’art de bien qualifier et calibrer ce qu’est ce « réussir ».

3 – Quand le mental est dans l’inquiétude, il peut tourner en boucle sur l’objet de son effroi sans réfléchir à mettre en œuvre des solutions protectrices, guérissantes ou libératrices. Il risque ici de faire sombrer la psyché dans la phobie et le corps dans l’anxiété. Plus la psyché aura été impactée jadis par des traumatismes et plus le mental risque de se paralyser à l’idée d’agir face à ce qui nous fait peur. Le jugement automatique et inconscient qui est produit ici est : si je suis en contact de ça, je dois avoir peur.

4- Quand une personne réelle ou imaginée commet une erreur par rapport à notre cadre d’obligations personnelles (morale, savoir vivre, savoir être, savoir communiquer, savoir réussir…), le mental peut automatiquement imiter ou accentuer de manière sarcastique l’erreur, par pur plaisir de générer de l’humour à partir d’une blessure au détriment de la personne réelle qui commet « l’erreur ». Cela, concourant au système d’oppression classiste, sexiste, genriste, hétérosexiste, raciste et validiste dans lequel nous évoluons.

Alors comment mieux juger et donc libérer le mental de ses automatismes victimaires-persécutants, parentalistes-surchargeants, traumatisés-paralysants et blessés-moqueurs ?

Je proposerai la rééducation psychologique suivante :

  1. Quand je me sens blessé : pardonner et tenter d’embrasser la situation avec le maximum de conscience, c’est à dire d’une manière déségocentrée. Ici le but à terme est de déconstruire la représentation de soi qui génère une opposition entre ma personne et les autres, entre mon être et le monde, entre mon existence et le réel.
  2. Quand je me sens préoccupé : questionner ma responsabilité, désinvestir les responsabilités non formalisée avec autrui. Et/ou renégocier les responsabilités formalisées pour quelles soient le plus possible opérantes (fins=moyens) et adaptées (pas de coresponsabilité floue).
  3. Quand je me sens paniqué : se protéger, penser des manières de guérir, entamer un processus de libération. Dans tous les cas ici il faudra vivre l’émotion de la peur et la traversée avec toute la force de sa raison et des ressources de sa personnalité. Des techniques comme la confrontation des événements traumatisants sous méditation active et désémotionnalisante et/ou EMDR sont des procédés libératifs.
  4. Quand je me moque : comprendre que c’est la souffrance liée à la mutilation de mon être à devoir être ce qu’il doit être socialement qui me fait me moquer. S’autoriser pleinement toute erreur et ainsi libérer moi-même et les personnes avec qui je suis en interaction de l’oppression humoristique. Et peut-être préférer questionner directement la norme à partir d’une autodérision de soi englué dans cette norme, plutôt qu’indirectement se moquer de l’écart des autres de cette norme et ainsi produire de la dévalorisation abusive.

Pour résumer et améliorer :

  • le jugement est bien quand il concerne une responsabilité attitrée et définie et lorsqu’il n’est pas opéré par l’égo blessé mais par la raison (mental sous influence de la conscience)
  • nous sommes responsables de nos pensés, de nos émotions et de nos actions.
  • nous ne devons pas nous engager personnellement ou avec autrui dans des responsabilités dont le résultat ne dépend pas de notre agissement. Seules certaines actions des autres peuvent être sous notre responsabilité si un cadre de management ou de mentorat est contractualisé et compris et accepté par toutes les personnes impliquées.
  • Si nous souffrons de phobie ou d’anxiété, il est important d’aider le cerveau à digérer et annihiler émotionnellement les traumatismes passés par la pratique de la pleine conscience mémorielle et l’EMDR. Ainsi notre corps pourra traiter les situations de danger par une cognition qui va résoudre le problème en l’affrontant plus sereinement et non en le fuyant ou en le contournant maladroitement.
  • Il nous faut prendre soin de notre mental pour pouvoir bien le rééduquer et le guérir de nos domestications et expériences abusives. ici la reproduction de pratiques de pensée, d’émotionnalité et d’actions bientraitantes à partir de rôles positifs qu’on veut incarner est la clé d’une reconstruction d’un être en bonne santé et de la fin espérée d’une inquisition personnelle intériorisée.

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