Comment me libérer de ma peur et de mon agressivité ?

« Par-delà le concert
Des sanglots et des pleurs
Et des cris de colère
Des hommes qui ont peur » – Jacques Brel

Ma psyché est hantée, hantée par mes impératifs sociaux, mes figures d’autorité, d’affection, ma domesticité, ma violence, mes peurs, mes douleurs refoulées et le vide glaçant de ce que nous sommes tous en réalité : des entités subjectives imaginaires.

Dans cet article, je ne vais pas entretenir le suspens, je vais m’ancrer sur le fond vide des choses pour tout mieux déconstruire et tout mieux guérir dans la mesure de ce que cela est et de ce que cela pourrait être.

De quoi me faudrait-il guérir ? De mes troubles, de mes mal-êtres, de tout ce qui me hante et qui n’existe pas ?

Sachant que ça : tous ces n’existent pas, ben, il semble bel et bien exister, car il m’afflige d’une troublante anxiété, d’une fine angoisse, d’un voile de dissociation, d’un fond de tension et d’une bonne pincée de compulsivité.

L’esprit génère des monstres et des fantômes, et le corps, quand on se laisse flâner dans l’inconscience, nous révèle leur présence. Chez moi, ça se manifeste dans les intestins, ils s’irritent. Et plus profondément, dans ma moelle épinière, avec un système nerveux autonome qui me maintient en surpression et en agitation nerveuse pour contrebalancer un TDAH, entendez une forme d’invalidité cérébrale à la tranquillité.

Mon cerveau est en déficit de dopamine depuis tout petit, alors mes nerfs s’agitent, mettant mon corps en surmouvement et ma pensée en surrégime, rendant le calme, l’écoute des autres et des consignes une sorte de mission impossible. Et vu que les grands veulent du calme et de la discipline, et que ça devient fou de colère et de punitivité pour ça, alors j’ai développé, dans la souffrance, une forme de volonté un peu hors du commun, une capacité à tenir l’effort et une intériorité atypique qui fait me ressentir intensément de l’intérieur et une propension développée à pouvoir fuguer dans l’imagination, me coupant des préoccupations, attentes et des exclusions des autorités éducatives.

Adulte, ma passion dévorante de tout comprendre, de reprendre les études, et de postes en postes, de fonctions en fonctions, de passions en passions, d’y aller dans ce monde, de m’y frotter et de m’y émanciper, avec toute la force biologique de ma singularité cognitive, je l’ai fait. Je l’ai eu ma revanche, j’ai vécu et j’ai fait mon ascension. En revanche, je n’avais pas misé initialement sur le fait de me retrouver seul tout au sommet… ma singularité, la liberté et l’amour désaliéné ont été à ce prix.

C’est marrant, les relations personnelles quand même, ça fonctionne un peu comme les relations atomiques : si un atome manque de quelque chose, il se colle à ceux qui en ont. Mon potentiel social et mes neurones miroirs qui m’offre l’aptitude émotionnelle à ressentir l’autre comme moi-même peuvent-être la proie des corps qui en manquent. J’ai grandi, j’ai appris. Les narcissiques imbus d’appétence toxique pour l’attention ou le contrôle des autres, non merci, j’ai donné. Maintenant, je m’attacherais aux personnes capables de cotransformation qui savent mélanger leurs intérêts dans la soupe commune. Et un jour, qui sait, on guérira du phénomène biologico-narcissique comme on guérira du Co2…

Me voilà à abstactiviser et à raconter ma vie, c’est-à-dire mon vécu. Et ce vécu, tadam !… Il n’existe pas, c’est une imagerie sensible, une représentation psychique faite de souvenirs et d’émotions. Et pourtant, c’est avec ça qu’on chemine biologiquement et culturellement. Ce vécu, cette histoire, ce sens, il transforme du vide en envies, du désir en décisions.

Le sens de l’identité, ce qu’on choisit de prendre ou de laisser, de comprendre ou de pardonner, d’ignorer ou de s’attacher, c’est le système psychique en son entier : une machine à ressentir et à se représenter.

Quand on comprend ce phénomène, quand on sait et ressent de tout son être qu’on n’est rien, vraiment rien, et qu’avec la biologie humanoïde, ce rien, ça devient un vide sensorialisé en attente d’agissement et de représentation, alors on avance vers la guérison.

Quand on s’induit dans ce vide, qui se non-trouve partout en nous-mêmes et qui se manifeste comme un trou ontique, béant de désirabilité infinie, un vortex à haut potentiel créatif ou dominatif.

Plus on apprivoise ce vide, plus on se maintient dans l’effort de plus en plus acceptable de se maintenir-aller au dessus-dedans de ce vide, dans le non-être, dans le non-vouloir, dans le non-agir en résistant à la force composée de nos déterminations sociales, de tous nos devoirs-être et nos devoirs-faire-et-avoir qui nous agressent, malmènent et qui nous tuent, plus on se réincorpore sereinement dans le néant et plus on se glisse dans le vivre sensoriel, désaliéné de l’oppression apprise : n’ayant plus peur de mon anéantissement, étant profondément anéanti, vivre devient miraculeux.

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