– Salut Simon.
– Salut Paul, heureux de te voir.
– Oui moi aussi.
– Ça a pas l’air d’être le cas. Tu fais une drôle de tête.
– Ça me fait plaisir de te voir, c’est juste que je suis contrarié par une histoire avec mon père à l’usine. Ça m’empêche de dormir.
– Ah zut, qu’est-ce qu’il se passe ?
– Je suis dans un dilemme, si je veux respecter mon éthique, je dois le faire au détriment de mes parents. Je suis déçu du comportement de mon père.
– Qu’est-ce qu’il a fait ?
– Tu le gardes pour toi Simon, mon père aide la police à identifier les juifs qui travaillent pour lui dans son usine. Je vois bien que ça le travaille, mais il est résolu à suivre le régime dans cette folie antisémite.
– Et tu voudrais faire quoi toi ?
– Et bin les avertir pour pas qu’ils ne soient envoyés en Allemagne pour y souffrir et sans doute y mourir.
– C’est quoi les risques ?
– Les risques, c’est que mes parents et moi on ait des problèmes par la suite avec les autorités.
– Bin oui, c’est sûr, ils pourraient vous considérez comme des résistants, tu as vu ce qu’il s’est passé dans la famille Cloarec hier, le père et le fils fusillés ?
– Ouais, quelle merde ce régime. Tu ferais quoi à ma place ?
– Je sais pas, faut réfléchir. Demain si c’est les Alliés qui gagnent, on pourrait reprocher à ta famille d’avoir participer au régime, même si ça semble mal barré, c’est quand même possible.
D’un autre côté, on ne vous demande pas de participer directement à ça. Juste indirectement en communiquant des informations. C’est pas votre responsabilité. Vous faites quelque chose que vous auriez jamais fait sans la pression des autorités policières. Vous êtes des victimes du régime aussi. Peut-être que c’est comme ça qu’il faut voir les choses.
– Je sais pas si ça m’aide beaucoup, c’est une galère les dilemmes, quand on en attrape un, on le garde à vie.
– ou à mort ou jusqu’à sa résolution.
– Tu penses qu’y a une résolution ici ?
– Oui comme dans tout dilemme, il y en a deux, l’une c’est que tu informes les concernés et ensuite que tu en assumes toutes les conséquences, le choix moral.
L’autre, c’est que tu te ranges du côté de ton père, que tu acceptes le monde comme il est et que tu penses à tes intérêts et à ceux de ta famille, c’est le choix égoïste ou « prochiste », l’intérêt pour mes proches d’abord.
– Ouais, ça dépend où je mets la ligne du « nous » en somme, si elle se cantonne à moi et ma famille ou si j’étends ma frontière des intérêts à tous les humains. Le problème c’est qu’en sachant, je me condamne à souffrir dans tous les cas. Si j’agis pour moi et ma famille en ne faisant rien, je me condamne à la culpabilité. Si j’agis, je me condamne à la menace d’être répudier par ma famille et d’être inquiété par la police.
– Oui une résolution du problème passerait par la suppression de la culpabilité.
– Ah si je pouvais ne pas avoir entendu la conversation de mes parents à ce sujet, je serais toujours dans mon petit paradis d’innocence.
– Tu ne peux pas oublier, c’est sûr, mais tu peux décider.
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