Bon, Philippe, tu es un être rationnel, d’autres ont vécu cette épreuve avant toi. Ce n’est pas une forte offensive de la concurrence qui va t’ébranler. Tu as pris trois longueurs d’avance avec trois innovations majeures dans le secteur de l’agrochimie en cinq ans. Tu ne peux pas monopoliser l’ensemble du progrès de cette industrie.
La sonnerie de téléphone retentit, sortant Philippe de ses pensées.
– Oui allo ?
– Centre hospitalier Marc Jacquet, votre femme a eu un accident de voiture avec vos deux enfants, pouvez-vous vous rendre au service des urgences ?
*
– Ils sont morts, nous n’avons rien pu faire. Je suis navré.
A ce moment, une puissante montée d’adrénaline jaillie dans les reins de Philippe, ses sensations en chute libre, son esprit encore vierge d’une perte aussi monumentale sait que cet événement transformera irrémédiablement sa vie dans quelque chose de tellement vide, de tellement triste. C’est toute la vie autour de lui qui se casse, s’effondre en son centre, implose pour anéantir son vivre, le temps que ce drame soit digéré, absorbé, accepté.
– Mais comment peut-on digérer une chose pareille ? Répondit Philippe au médecin, les yeux dans le vide, les épaules en avant, il sombra en larmes.
Laisser un commentaire