– Bonjour Philippe, heureux de vous revoir de si bonne heure au travail. Est-ce que vous m’offrez un café ? Demanda paisiblement André, le beau-père de Philippe sur le seuil de la porte de son bureau.
– Oui bien sûr André, entrez. Vous savez si j’arrive de nouveau à la première heure au travail, c’est en partie parce que je remonte la pente et c’est aussi parce que l’entreprise est sur le point de rencontrer des perturbations majeures auxquelles nous allons devoir faire face.
– Des perturbations majeures ?
– Un collectif de familles de clients qui ont perdu un membre de leur famille suite à des cancers sont en train de monter une forte affaire juridique et médiatique contre nous. J’ai rencontré une de leur leader hier, Françoise. Il y a plus de cent familles de concernées, il y a un rapport qui a été réalisé, très solide je dois avouer, tenez j’ai fait un tirage pour vous. J’ai demandé au service juridique d’estimer combien ça risque de coûter à l’entreprise. Double espresso c’est ça ? Le coût risque d’être abyssal, comme vous le savez, de plus en plus d’affaires juridiques sanctionnent les sociétés du secteur, si on en suit la jurisprudence européenne et qu’on la multiplie par le nombre de cas, ça pourrait nous coûter plus d’un milliard d’euros.
– Quoi ? Mais c’est une affaire qui peut nous mettre littéralement à terre.
– Oui, mais il y a une porte de sortie challengeante qui pourrait bien nous sauver mais qui va demander une réorganisation profonde, ça ne sera pas sans risques et sans perturbations mais cela me semble être la meilleure carte à jouer.
– Si vous nous sortez de cette affaire Philippe, ça serait merveilleux. Comment comptez-vous vous y prendre ?
– j’ai pu créer une relation de confiance avec Françoise la leader du mouvement, j’ai obtenu une trêve pour s’entendre sur un accord qui éviterait le lancement de leur action. Ce qui est incroyable dans cette histoire, c’est que le collectif demande une transformation écologique de notre activité en priorité. Il voit les millions d’euros de dédommagement pour préjudices subis comme un levier de sanction si on ne met pas en place une vraie alternative écologique pour nos clients. Avec mes dernières innovations sur le secteur agrobiologique, on pourrait se servir de ce coup dur comme une opportunité pour faire effectuer un virage à notre marché, une disruption biologique en quelque sorte.
Le mois dernier, les résultats des essais de mon labo agrobiologique ont dépassé le seuil de rentabilité à coût de ventes constants pour nos clients. Avec une aide, idéalement publique, pendant les 3 années de conversion, les agriculteurs pourraient embrayer sur une agriculture biologique sans le contrecoup du délai d’attente pour obtenir le label. Leurs profits exploseraient à l’obtention du label. Je crois que si on arrive à donner ça au collectif comme si cela avait un coût pharaonique pour nous, on pourrait s’en sortir en dédommageant les familles non pas comme des victimes mais comme les premiers partenaires vers une agro-industrie écologique qui marquera l’histoire agricole de la planète. Si on se débrouille bien dans les enjeux des marques de nos produits on pourrait effectuer cette transition sans aucun creux dans le chiffre d’affaires.
– André pris son téléphone. Amélie, annulez tous mes rendez-vous de la matinée vous voulez bien. Philippe, on a la matinée pour préparer cette négociation ensemble.
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