Une élite à la marge – Nouvelle – Fin

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– Alors comment s’est passée cette négociation ? J’ai eu Françoise au téléphone, elle n’en revenait pas, vous allez vraiment faire tout ce sur quoi vous vous êtes engagés ? Questionna chaleureusement Salima en accueillant Philippe dans son cabinet.

– Cela n’a pas été simple, mais oui, nous entamons une véritable révolution écologique chez Agrinov. Une vraie négociation gagnant gagnant. Les leaders de l’association ont été impeccables, la répétition préalable avec moi qui jouait le rôle d’André a été une vraie réussite. Mon beau-père est tout à fait convaincu, comme moi, que ma solution était celle qui permettrait de nous en sortir face à la menace que les leaders du collectif ont su bien amener. Le fait qu’il n’y ai que des indemnités aux familles en échange d’un partenariat avec le collectif pour le développement d’une néoagriculture bioconventionnelle a été déterminant pour le convaincre. Du grand art. Conclu Philippe d’un air enjoué et satisfait. Mais comment avez-vous pu trouver ces familles avant que l’affaire soit rendue médiatique ?

– Je ne vais pas vous révéler tous mes secrets Philippe. Parfois il suffit d’une bonne recherche sur internet pour tomber sur les bonnes personnes.

– Incroyable, vous êtes extraordinaire.

– Oui on me le dit souvent s’amusa Salima. En ne s’empêchant de penser à quel point s’était facile pour elle d’amener les gens à agir dans le sens qu’elle désirait. Même si cela devait coûter la vie d’une femme et de deux enfants. Le dispositif de vérin électrique fixé sur le bras de direction du break familial afin de provoquer une légère embardée au bon moment avait bien fonctionné, impossible de retrouver cette pièce de sabotage dans tout ce fracas.

– Vous savez qu’en me facturant 150 euros l’heure, vous faites du social. Plaisanta Philippe.

– Haha, vous n’avez pas idée. Heureuse de ce bon dénouement en tout cas. Et sur le plan personnel, quand vous êtes seul, comment vous sentez-vous ?

Salima profitait de ce moment de grâce, son plan avait fonctionné à la perfection. Salima M’Barek n’était pas sa véritable identité. Elle était la sœur d’un des agriculteurs marocains du collectif, elle l’avait vu périr lentement et douloureusement avec son père. Le silence froid et pesant de l’injustice d’un système d’agriculture où les dirigeants du monde de la chimie nuisaient aux gens, à la planète, à la vie, avait enfin pu être levé. Et cela avait eu lieu dans cet espace de négociation. La révolution écologique vaut bien une messe, pensa-t-elle.

Fin

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