Comment sortir de l’ENFER et triompher du MITOTE ?

Dans les précieux et fulgurants livres de Don Miguel Ruiz sur la délivrance personnelle avec la sagesse toltèque, il est question d’une forme de force maléfique générée et reproduite par ce qu’il nomme : le Rêve extérieur.

Le Rêve extérieur, c’est le théâtre humain sur terre, où chacun joue un rôle qu’il n’a pas choisi.

Et on va pas se mentir, ce rêve est un Enfer. L’Enfer, on n’y va pas après la mort, on y entre au fur et à mesure des récompenses et des sanctions, des acceptations et des rejets, des valorisations et des brimades, des câlins et des sévices… qui nous entraînent, briques après briques, conditionnements après conditionnement, domestications après domestications, abus après abus, dissociations après dissociations, à souffrir d’un brouhaha mental de jugements, de croyances et d’injonctions.

Ce chaos intérieur, Ruiz le nomme le MITOTE et Pink Floyd, le Mur.

Pour résumer sa pensée :

Le Rêve du Monde, c’est un théâtre où tu joues un rôle que tu n’as pas choisi et qui est reproducteur de souffrance sur terre.
Le Mitote, ce sont les voix menaçantes ou réjouissantes dans les coulisses qui crient des ordres souvent contradictoires.
Ton éveil, c’est quand tu poses ton masque, que tu fais silence,
…et que tu te demandes enfin :
Et si je n’étais pas cette voix ? Et si j’étais l’espace qui l’entend ?

Le Rêve extérieur engendre l’Enfer Collectif, qui engendre l’Enfer Personnel, lequel alimente à son tour l’Enfer Collectif…
Quand le Mitote agit à travers nous, nous souffrons d’imaginer et de nous retenir de mal agir ou nous faisons souffrir autrui lorsque l’on ne parvient plus à se retenir, ou pire : quand on ignore le mal qu’on transmet…

Ruiz nomme ce Mitote le Parasite.

Ainsi, nous devenons tous et toutes parasités par des autorités abusives, corrompues par un système socio-idéologique abusif, défenseur et promulgateur de normes sociales abusives :

  • Ce qu’on doit être pour être aimé,
  • Ce que “tu es censé faire” pour être accepté,
  • Ce qui est bien ou mal,
  • Ce que vaut une vie, un corps, une émotion…

… tout cela aliène notre autorité personnelle et donc notre liberté et notre bonheur. Et cela contamine d’autres êtres humains… la pire épidémie que le monde ait connue.

L’Enfer collectif est entretenu par le déni politique de la somme des souffrances individuelles,
et l’Enfer personnel, par le déni psychologique de nos propres souffrances.

Et se guérir, ça passe avant tout par renouer avec nos souffrances, afin de reconnecter avec les besoins maltraités que l’on continue de blesser… voire d’ignorer totalement.

Et toute la difficulté de cette démarche, pour moi, en ce moment, est de trouver le bon rythme dans la guérison de mes souffrances.
On ne peut pas guérir sans ouvrir ses plaies.
Et, suite à des dysfonctionnements relationnels familiaux et amicaux importants, je me suis sans doute empêtré un peu trop dans la douleur… chutant de mon second paradis d’adulte (le premier fut affectif, le second fut spirituel).

Mais avant d’aller plus loin, faisons un point sur comment fonctionne la guérison ?

Elle se fait avec :

  1. Le scalpel de la vérité : « la raison de ma souffrance provient de tel abus ; voilà l’empreinte sensorielle qu’il a laissée en moi. Et pour survivre, j’ai cru ça… »
  2. Le désinfectant du pardon authentique : « je me pardonne d’avoir cru ça, et d’avoir agi ainsi, je ne pouvais pas savoir faire autrement. À partir d’aujourd’hui, je vais mieux prendre soin de moi, et je vais pouvoir me comporter de mieux en mieux ainsi pour satisfaire tels besoins. Je comprends que l’humanité à besoin de mieux reconnecter à ses besoins et à mieux agir pour les cosatisfaire »
  3. Le baume de l’amour : « je me donne l’amour et le soin que j’aurais tant aimé recevoir au moment des blessures. »
  4. La rééducation cognitive et comportementale : « à partir de maintenant, je décide de croire ceci, de faire cela, parce que c’est profondément bon pour moi et pour la vie qui s’y écoule. »
  5. L’action sociale et politique : pour enrayer la machine à produire du mal-être, et étendre la possibilité du paradis, ici et maintenant, en nous, et autour de nous.

Le plus difficile pour moi est de ne pas m’embrumer en mode « enragé de souffrance » dans le niveau 1 et d’arriver à enchaîner les niveaux suivants. Et il est vrai que la seconde marche est corsée car faire appel au pardon avec la sensation de rage intériorisée le prive de tout attrait et surtout de son authenticité salvatrice… Sans compter que l’obligation du pardon infligée par nos anciennes autorités est une atrocité sur le plan moral et psychologique et nous en portons encore souvent en nous les séquelles. Le niveau 2 est l’inverse de ce pardon torturant là, il est une empathie vers la souffrance et le besoin fondamental de tout être humain : d’être sécurisé et reconnu dans son Être. Sécurisons-nous et revalorisons-nous psychologiquement, comprenons, aimons et encourageons-nous dans la bienveillance à nous comporter de mieux en mieux pour nous respecter et nous reconnaitre de mieux en mieux. Voilà ce qu’est le pardon profond et authentique, une sensibilité qui recompose avec nos parts de vulnérabilités et nos manques.

En fait, en y réfléchissant mieux, le problème réside moins dans le fait de passer du niveau 1 au niveau 2, que de ne pas faire « Game Over » au niveau 1 et de chuter au niveau 0, voire aux niveaux négatifs qui entretiennent les mécanismes de souffrance et l’Enfer Personnel…

J’y étais bien arrivé l’année dernière et j’avais connu l’éveil spirituel, une phase de 6 mois en mode lune de miel entre moi, mon corps et la vie, c’était merveilleux. Mais voilà, Don Miguel Ruiz nous prépare mal à la toxicité des autres, et avec son approche du « aimes l’autre comme un chien », tu risque de finir maltraité psychologiquement comme un âne battu…

Une des approches de Ruiz dans son livre La Maîtrise de l’Amour était d’aborder la relation à l’autre à partir de l’amour qui s’émane de la relation harmonieuse que l’on s’est redonnée à nous-mêmes.

Et j’ai fini par apprendre, dans le peine, que les grands abîmés peuvent tirer sur la laisse et nous instrumentaliser avec ce bout de relation positive qu’on leur laisse… Il est des relations narcissiques, perverses et manipulatrices avec lesquelles il faut avoir le courage de s’émanciper.

Cette émancipation, je l’avais faite de manière optimiste car je savais grâce à mon premier éveil que le bonheur pouvait se retrouver dans la solitude. Et j’avais raison. Là où ça a été le plus compliqué : c’est quand cet hiver, je me suis mis en mode « au garage » prêt à aborder de nouveau cette saison comme une période de thérapie intensive. Et c’est là, que j’ai redonné de la place à mes parts intérieures blessées et exilées. J’ai tiré sur le fil de la peur et j’ai fini, ébranlé, par tomber nez à nez sur des monstres…

Je me suis retrouvé de retour en territoire infernal, mais pas comme avant, cette fois-ci j’avais une lampe torche et un socle de sécurité auto-affective et spirituelle que j’avais dûment acquis l’année dernière.

Ce socle et cette lumière, c’est mon assurance vie anti-redescente totale aux Enfers.

Cette fois-ci, j’en suis venu à me confronter au Cerbère, vous voyez l’animal terrible qui garde les gens, là bas, en Enfer. J’en suis venu à lui en me glissant dans les souterrains indiqués par la lecture de Leslie Greenberg sur la Thérapie Centrée sur les Emotions puis en plongeant dans le gouffre de mes failles les plus profondes, les plus enfouies, encordé et assuré par la lecture du livre de Bessel Van Der Kolk, Le Corps n’Oublie Rien (un chef-d’œuvre du maniement du scalpel de la vérité et des techniques de guérison).

Au cours de cette rerencontre autotransformatrice, j’en suis venu maintenant à avancer plus profondément sur le chemin de la guérison. Guérison, qui n’est plus une île paradisiaque où il faut s’oublier totalement pour la rejoindre, mais un monde entier à reconquérir et à guérir.

Ce Cerbère qui m’attirait de toute la force d’une rage ensevelie dans les sensations évanescentes des abus du passé était redevenu très invasif pour mon présent, et à force d’approche, il a fini par révéler son vrai visage. Un animal blessé, menaçant et menacé par les fantômes de ses douleurs et de ses frayeurs passées…

Alors qu’on ne peut pas ressentir la même douleur deux fois et d’ailleurs qu’est-ce que la douleur ? Il en est tout autre quand il s’agit de l’effroi et de l’humiliation.

En reconnectant avec la source de la rage, on recontacte le Styx, le fleuve émotionnel de nos peurs et de nos peines refoulées, avec son lot de fantômes flottant et rôdant comme des corps étrangers et prisonniers. Corps émotifs en attente de sensitivité corporelle et de sens narratif. Errant dans les tréfonds, ces parts de nous, s’activent et s’agglutinent à vouloir (re)vivre depuis les stupeurs traumatisantes et les silences dociles qui les ont induit dans le système limbique…

Le miracle, c’est quand on arrive à faire de ce terrain boueux et envahissant une zone de connaissance, d’écoute et de soin qu’offre la méditation, un sol cultivable et fertile où l’animal enragé redevient un animal puissant et digne.

En intégrant et en adoptant de tout mon soin et de mon amour le Cerbère en nous et en lui donnant la rééducation qu’il mérite, il devient alors de plus en plus une manifestation d’agressivité saine et adaptée.

Voilà la clé trouvée lors de ma descente aux enfers.

Et pour résumer le mieux possible là où j’en suis actuellement dans la compréhension de mon processus de délivrance personnelle, j’aurais envie de dire que lors de mon premier voyage qui commença en lisant La Maîtrise de l’Amour en janvier 2023 et qui fit escale sur Le Pouvoir du Moment Présent, l’été de cette même année, j’en étais venu à penser qu’on sortait de l’enfer en s’exilant de sa haine. J’empruntais chaque jour le chemin vers le Royaume des Cieux qu’offre la non-pensée et le non-moi, et cela m’avait offert un kif sensoriel quasi constant de six mois. Avant que les parts blessées et exilées ne se ramènent à moi, en partie à cause de l’inaptitude sociale que génère la spiritualité « grossière » et dissociative.

Kiffons et protégeons nous. Réintégrons nous dans toute notre naturalité, dans toute notre sensibilité, disposée à jouir d’elle-même et du monde. Un monde à guérir et à transformer.

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