Don Miguel Ruiz dans son merveilleux livre « La maîtrise de l’amour » a rouvert une porte en moi qui a remis en question une grande partie de la manière par laquelle j’envisageais les relations.
En fait, beaucoup de choses ont été dites sur l’amour, mais ce dont on parle ou imagine en pensant l’amour, n’est pas vraiment l’amour.
Il y a très peu de relations durablement heureuses. Au début, la relation est désir qui s’illumine et se comble sous formes de bonheurs et d’extases partagés. Puis, lorsque l’énergie portée par une nouvelle relation diminue et à chaque fois que des actes irrespectueux vont se commettre, la relation va se subir de plus en plus et se perdre dans des formes de dévoiements.
Qu’est-ce qui dévoie l’amour ?
Dans une relation affective dysfonctionnelle, on peut constater 4 types de désagréments qui traversent les personnes liées par l’attachement:
- Quand des attentes de l’autre nous gâchent
- Quand des intérêts personnels nous aliènent
- Quand des actes de désamour à condition nous déçoivent
- Quand des actes de maltraitance nous abîment
Derrière cela il y a 4 mécanismes toxiques qui viennent dévoyer l’amour en le remplaçant par de la peur, du dégout, des pertes et de la colère :
- La possessivité (nous vivons dans une société qui nous apprend à prendre plus qu’à collaborer)
- L’individualisme (nous vivons dans une société où l’individu gagnant et plus malin est glorifié, où la compétition produit la valeur de chacun et chacune)
- La manipulation (nous vivons dans une société où c’est OK d’obtenir des attitudes serviles contre des doses d’amour, où c’est OK d’exploiter les besoins d’autrui)
- La maladie mentale (nous vivons dans une société malade qui normalise la maltraitance, où dans l’ombre, punir psychiquement et physiquement est monnaie courante)
Dans le monde dans lequel nous vivons, ces mécanismes toxiques semblent être de l’ordre de l’inévitable, nous devons tous y passer en quelque sorte…
Mais c’est la banalisation de ces mécanismes déshumanisants et « désamourisants » qui entretient la mécanique collective des souffrances. Elle nous fait passer à côté du bonheur en rendant l’attachement affectif mauvais pour notre bonheur.
Dans ce mode de souffrances, ceux et celles qui ont besoin de se considérer comme forts méprisent l’amour car il est conditionné pour eux comme une faiblesse.
La perpétuation de ce mode de souffrance collective se fait par la parentalité acquise au travers des conditionnements toxiques.
Les impératifs de soumissions que les forts intériorisent avec l’accord qu’ils se font en eux même : « je dois être fort sinon je ne serais pas aimé par mes parents » entrainent le biais d’appropriation suivant : « si je suis faible, je ne pourrais pas m’aimer ».
A la naissance, quand nos besoins sont satisfaits, nous vivons naturellement dans un état d’amour illimité.
Ce sont les mécanismes toxiques vus plus haut qui nous blessent et nous conditionnent. Ce sont eux qui nous font perdre notre innocence, notre liberté, notre confiance et notre intégrité.
Ce que l’on nomme amour devient alors besoin d’être aimé.
Ce besoin d’amour, comme tout les besoins engendrent des risques sociaux pour notre vie affective d’adulte.
Le besoin d’être aimé peut nous intoxiquer davantage dans des relations qui gâchent, aliènent, déçoivent et abîment.
C’est quoi s’aligner ?
Enfant, nous sommes obligés de nous conformer aux attentes des personnes qui assurent notre subsistance et de subir leurs maltraitements et aussi ceux des autorités parentales confiées (familles, nourrices, instituteurs, prêtres).
Mais adulte, grâce aux compétences que nous acquérons, nous n’avons plus besoin d’eux. Et pourtant nous gardons nos conditionnement toxiques. Cela nous enferme dans notre mode de souffrance acquis.
S’aligner ou plutôt se réaligner, c’est renouer avec notre innocence, notre liberté, notre confiance et notre intégrité perdues.
Et cela passe par la désintoxication de notre poison émotionnel qui nous gâche notre vivre et la rectification des croyances, des valeurs et des comportements désamourisants.
S’aligner c’est déconflictualiser nos relations en nous-même pour que notre corps, nos émotions, notre mental se réalignent vers un état de sérénité et d’amour où notre parentalité et notre enfance intérieure sont en symbiose.
Pour cela il s’agit de :
S’offrir un amour inconditionnel fait de respect et de bienveillance.
Devenir notre meilleur parent pour nous-même.
Chasser les préjugés et les illusions en déconstruisant avec vérité tout ce qui génère en nous de la peur inutile.
Décontaminer le mental de nos peurs qui font tourner nos pensées en boucles et de nos égoïsmes qui produisent des désirs de vengeance perdants.
Recentrer notre mental sur sa raison d’être : avoir une bonne attention qui fait bien agir et inventer.
Pardonner les actes qui nous ont blessés y compris les nôtres.
Se libérer des normes sociales. Devenir notre propre norme.
Cela peut paraître une gageur mais c’est bel et bien au travers de ces processus que rejaillira en nous le vrai amour 🙂
C’est quoi le vrai amour ?
Le vrai amour se vit à l’intérieur de nous. Il n’est pas conditionné par l’extérieur. Il est innocent, il est libéré émotionnellement des injustices passées, il est confiance en soi qui n’oblige pas, il est intègre, il ne rejette pas, il ne corrompt pas.
Il est véridique, il ne se cache pas dans l’ombre, il illumine nos sensations, nos émotions, nos pensées, nos mémoires.
Il n’abaisse ou ne s’approprie pas les sensations, les émotions et les pensées des autres.
Le vrai amour ouvre, libère, apaise, guérit, découvre, invente, s’émerveille. Il ne fait pas de préférence, il aime tout ce qui vit et voit la dignité qui se cache en tout être.
Il aime et n’attend pas d’être aimé, et s’il y a de l’amour pour son être, il s’en réjouit et s’unit avec cet amour dans une danse merveilleuse où personne ne se sent enfermé.
Le vrai amour est toujours neuf, émerveillé, émerveillant. Il vit tout ce qu’il vit dans un désir expansif qui ne cherche pas à posséder. Il a les sens innocents, les perceptions libres, les sentiments pures, la parole juste et l’âme chaleureuse.
Le vrai amour additionne sans addiction et sans calcul. Il laisse libre l’amour additionné car l’amour qu’il porte pour lui, lui suffit. Il vibre comme il vibre au grès des solitudes régénérantes et des rencontres amplifiantes et revivifiantes.
Il n’est pas perturbé et agité par les toxicités émotionnelles de ce monde. Il les comprend et va vers l’autre sans s’y heurter, et si l’autre n’a rien à partager maintenant, il poursuit son vivre avec sérénité.
Le vrai amour est imperturbé, quand l’autre crache son poison émotionnel, il sait que ce poison n’est pas le sien, il l’a connu, il n’a pas besoin d’avoir à le comprendre, il s’en est libéré et n’a pas d’attentes sur le fait que l’autre s’en libère.
Si l’autre à son attention, il propose, invite, il n’oblige ou ne manipule pas.
Il ne se pense pas comme généreux, il est dépossédé, il est savourant, il est la vie plus la vie réunie, il est revitalisé, revitalisant, il est naturé et naturant, il brule comme un feu sans souci de combustible, il se fond en lui-même comme un soleil, il se fond dans la vie comme un enfant émerveillé.
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