Une responsabilité en péril – Nouvelle – Fin

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– Ah bin toi, quand tu fais quelque chose, tu mets un pied et puis tu plonges !

– Après c’était qu’une première réunion Simon, mais je pense que Marcel à raison. Quelque part je suis humain, je suis connecté aux autres, au monde. Mon humanité, c’est une dimension importante. Si je fais une croix dessus, je pense que ma vie serait moins bonne. Plus longue et plus sécurisante, peut-être, moins intense et moins bonne, sûrement.

– Tu te condamnes à être l’esclave de ton empathie en quelque sorte ?

– Tu crois que l’engagement humaniste se réduit à l’empathie ? Comme le dit Marcel, il le fait aussi pour l’aventure. Et il y a le sens du juste aussi à prendre en compte.

– Et c’est quoi pour toi le juste ?

– C’est des conditions sociétales propices à l’amour et à la création en opposition à la peur, la haine et la destruction.

– Pas mal, et du coup t’es prêt à potentiellement te détruire pour ça ?

– Prêt à mourir, peut-être oui, mais je fais pas ça pour me détruire, je le fais pour la vie. Vie qui finira par se tarir en moi un jour ou l’autre. Le tout c’est de respecter mon humanité et mon corps, notre propension sociale qui nous unit aux autres et mon corps et mon esprit qui me fait rêver et m’animer pour des lendemains meilleurs. La vie en moi passe par mon corps, je ne vais pas me sacrifier pour le monde, je vais agir le plus intelligemment pour moi, nous, elle : la vie. Je m’engage et je fais gaffe, je joue la vie pour la gagner et la faire gagner, pas pour la perdre.

– J’admets que c’est convaincant même si je ne comprends pas trop ta définition de la vie, on dirait que tu lui donne une dimension divine.

– S’il y a du sacré, s’il y a une divinité à imaginer, il est rationnellement souhaitable que ce soit pour ce qui nous relie et nous essentialise tous. Et ce qui nous relie et nous produit tous, c’est la vie. Je suis la part de vie qui résonne dans mon corps en activité. Je suis une reception expressive de la vie. Je peux jouir de mon corps et de mon existence à travers la vie, je peux en retour, servir la vie à travers mon corps, le temps que la vie s’écoulera en lui.

– Belle enflammée mystique Saint Paul ! En tout cas si je suis ton raisonnement, tu veux agir politiquement, sans t’y perdre. Mais là, n’est-ce pas Marcel qui fait ce qu’il veut de toi ?

– C’est vrai qu’il sait s’y prendre pour m’influencer, il est très politique, il influence, il est comme ça, j’accepte. J’accepte aussi que la route vers laquelle je fluctue à travers son militantisme m’entraine vers du danger. Ce danger c’est mon os à ronger, c’est moi qui suis responsable de ma vie, de mes choix, d’agir ou non auprès de lui. Je n’y peux rien s’il est, par bonheur, rationnel et vivant, donc convaincant. Oui c’est lui qui a été rationnel avant moi, je le suis donc. Mais je le suis pas comme un petit chien pour ses doses d’affection, même si ces petits sucres me font du bien, je le suis comme lui avance à la suite d’autres militants avant lui. Le fait que j’arrive après, est-ce donc cela qui fait de moi un influencé ou un manipulé ? Ce qui me diront manipulé, je leur dirai que j’ai été influencé mais pas manipulé, ce que je cherche à faire, c’est pas de suivre bêtement un ami, c’est de défendre la vie avec des amis qui veulent faire ça aussi. Je leur dirais que je suis un humain qui fait qu’essayer de respecter son humanité. L’humanité, c’est aussi le nazisme, mais c’est surtout l’amitié.

Fin

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