Je suis tombé sur cette citation aujourd’hui :
« Celui qui a une raison de vivre peut endurer n’importe quelle épreuve, ou presque ! » Friedrich Nietzsche
Lorsque l’on traverse une épreuve et que l’on se sent noyé dans ce grand océan complexe et hostile du Monde, il nous faut une bouée. Personne n’ouvre un texte sacré sans sentiment de s’échouer. Personne ne se cherche un guide sans sensation de perdition.
La bouée du Sens, cette raison de vivre que propose Nietzsche, est-elle si accessible ?
Existe-t-il des raisons de vivre suffisamment solides pour tout endurer, ou presque, au delà de cet instinct de survie biologique qui nous colle au corps ?
Beaucoup de bouées ont fini par s’éroder avec la houle du temps ou à céder dans les lames fracassantes des aberrassions et des cruautés humaines.
Il y a tant de bouée fabriquées, tant de religions de développées, avec leur lots d’illusions auxquelles s’attacher pour se tenir à la surface d’un monde qui nous heurte et nous absorbe.
Nietzsche, en bon philosophe, a combattu avec fermeté certaines de ces bouées en en proposant d’autres qui peuvent être attrayantes pour les egos, avec des inscriptions comme « Deviens ce que tu es », « Surhumain », « Volonté de Puissance ».
En fait, dans l’histoire de la pensée philosophique, j’ai constaté qu’on trouvais toujours trois sortes de bouées :
- Les bouées du Divin qui nous font penser l’humain comme co-créant avec les forces naturelles et divines : vous n’êtes plus seul, vous êtes en et avec le Créant. Ici, l’amour est une valeur suprême qui nous entraine dans une quête pour le retrouver au fond se soi, puis l’étendre à sa vie, puis aux proches, puis au monde, puis au Tout. Ici on remplace les conditionnements maltraitants par de la reconnexion émotionnelle avec la Nature en soi.
- Les bouées de la Raison qui s’accrochent à la force de notre Esprit pour mieux saisir le monde. Elles nous encouragent à nuire à nos mauvaises croyances et à réordonner nos désirs afin que notre action et notre pensée soit structurée sur ce qui est vrai, possible et sur ce qui compte. Ici on remplace les illusions et les préjugés par une représentation intellectuelle plus proche du réel.
- Les bouées du Combat qui partent du principe que dans un monde livré à lui-même, coupé de toutes interventions parentales suprêmes (miracles), la manière de faire face à l’adversité est de produire un rééquilibre dans l’ici et maintenant. On se focalise là sur les illusions et les contradictions. On les confronte dans le conflit pour en degager de nouveaux fonctionnements créatifs entre les idées, les individus et les communautés en désaccord. Ici on remplace les obligations et les restrictions par des autorisations et des moyens.
Les bouées, se sont tous ces mots en « ismes », tout ce qui met de la religieusité dans les concepts. Et la religieusité, n’est ce pas s’attacher à des illusions psychoactives issues d’expériences transcendantes ? N’y a-t-il pas ici un problème de transmission et d’égarement envers cette transcendance, une obsession à nous agiter vers une porte de sortie ?
Les bouées du sens ne nous immobilisent t’elles pas autour d’un repère idéologique ? Un re-père, un re-parent ?
N’est-ce pas là le symptôme d’un transfert affectif où on conditionne nos agissements à un modèle de vertu qui nous sauverait ?
Les bouées ne nous empêchent-elles pas de nous fondre pleinement dans cet océan où se mélange tout ensemble la Vie, l’Esprit et l’Expérience ?
Et au fond, n’est-ce pas la peur de mourir qui nous fait voir les événements adverses comme des épreuves qu’il faudrait endurer ?
N’est-ce pas la peur de l’inconnu qui nous empêche de nager dans l’océan ?
Les bouées idéologiques, n’est-ce pas le fait qu’il y a de la peur qui nous fait souffrir ? Une peur que le « je » endure et qui s’agrippe à ce qui semble le sauver pour mieux échapper à la mort ?
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