Dans une société du profit aveugle à la misère sociale et à la catastrophe écologique, du burnout, du boreout et des bullshit jobs, la question du Sens au travail se pose de plus en plus.
Tout l’enjeu d’une existence individuelle réussie semble se situer au niveau des activités que l’on articule avec autrui. Où plus notre écosystème personnel repose sur nos forces, nos passions et nos intérêts et se concrétise dans un fonctionnement fluide et durable avec les forces extérieures qui nous animent et nous contraignent et plus le bonheur d’être et de s’accomplir peut se faire sentir.
Alors, quels sont les rouages de l’accomplissement personnel dans ce grand mécanisme de l’activité humaine ?
La question du sens
Nous parlions de sens, mais qu’est-ce qui peut bien faire sens pour nos cerveaux si souvent influencés par la propagande néolibérale : pour être heureux, il faut être beau, être cadre ou entrepreneur, avoir une belle maison, une belle voiture, une belle famille ? Et en effet quand on peut accéder à cela, il peut y avoir doublement du bonheur, le bonheur de bénéficier de tous ces avantages et le bonheur de se sentir approuvé et admiré par cette société. Et c’est cela qui fait la force d’une idéal partagé, d’une idéologie.
Cependant, l’idéologie néolibérale broie des quantités d’âmes humaines, car elle ne soutien ni ne protège suffisamment les lésés du capital. C’est à dire ceux qui naissent sans argent à investir et sans un enseignement suffisant pour mériter l’accès au rouage du capital.
La mécanique néolibérale permet bien l’ascension sociale, j’ai été de ceux-là. Issu d’un milieu ouvrier et fils de chevrier dans le massif central en France, ouvrier en début de carrière, je suis devenu dirigeant opérationnel d’un groupe dans l’Oil & Gas à Dubaï touchant plus de 10 000 €/mois lorsque je n’avais pas encore 30 ans. Mais quand on voit le mécanisme d’exploitation de la misère et du vivant, on a du mal à jouir en toute conscience de ce bonheur qui d’ailleurs n’en est un que de façade, car derrière la vitrine du cadre dynamique qui réussit, il y a toute l’aliénation d’un travail stressant, prenant, dominant, souvent besogneux, de temps en temps excitant et surtout dénué de sens.
Car le sens, n’est-ce pas la mise en action de nos possibles individuels vers une cause qui nourrit nos intérêts profonds de bonheur et de création ? Le sens, n’est-ce pas co-construire le système dans lequel il nous ferait bon vivre ?
Dans quel système vivons nous ?
Historiquement il y a plusieurs systèmes en présence et en concurrence.
Au delà de l’hégémonie actuelle du système Capitalistique-libéral opéré par les républiques et les entreprises, il y aussi le système Étatique-social opéré par les démocraties et leurs services publics, le système Étatique-loyal opérés par les états monarchiques et leur aristocraties et il y a les systèmes mafieux qui fleurissent dans les niches d’amoralité des systèmes en présences. Ces derniers étant illicites que par leur opposition au mœurs des systèmes victorieux. Le capitalisme étant le fruit de mafias bourgeoises puissantes et triomphantes légitimées par son inféodation aux républiques qui les ont émancipé d’une manière plus ou moins relative du pouvoir administratif et policier en vigueur à l’ère des monarchies héréditaires.
Et je ne parle ici que des macro-systèmes, il y a une quantité pléthorique de micro-systèmes nouant des rouages plus ou moins efficaces entre les besoins de chacun et ces différents mécanismes où les pouvoirs s’organisent et se confrontent. Il faut dire que dans cette perspective, chercher un bon système pour y trouver sa meilleure place n’est pas sans ce confronter au besoin de comprendre ce monde pluriel et complexe.
A quel type humain devons nous nous vouer ?
Le système clérical a produit le Saint et le curé, le système monarchique à produit le noble et le roi, le système libéral a produit le citoyen et le président, le système socialiste a produit l’humaniste et le délégué, le système communiste a produit le prolétaire et le leader révolutionnaire, le système fasciste a produit le surhumain et le chef suprême, le système néolibéral a produit le consommateur et l’entrepreneur…
Quoi qu’il en soit, nous nous vouons tous à un idéal de personnage afin de nous constituer en tant que personne. Plus ce personnage colle à l’idéologie dominante et plus notre bonheur-fierté sera rendu possible. Plus ce personnage est éloigné de notre potentiel réel et plus notre frustration-dégoût sera rendu possible. Et bien sûr, il y a le poids du sens dans tout ça.
En somme, il nous faudrait à tous, une position qui soit en phase avec notre temps (et donc avec les besoins de notre époque), aligné avec nous-même et nos valeurs, valorisant aux yeux de notre entourage, au sein d’un collectif structuré et stimulant pour nos motivations, nos autonomies, nos apprentissages.