Comment bien gérer nos amours ?

Je parle ici des amours romantiques.

Vers qui aller ? Vers quelles relations ? Comment y aller ?

Et au fond, quelle énergie consacrer à ça ?

Je suis pleinement célibataire depuis un petit moment, vide de relation amoureuse avec d’autres personnes que moi dans la vie. Oui, j’ai de moins en moins peur de dire cette saine évidence narcissique plutôt malvenue socialement. C’est un peu comme parler de masturbation, ça ne se dit pas trop, même si ça donne du plaisir à tout le monde. L’intimité corpo-spirituelle peut-être réjouissante et sublimée quand elle est partagée (tout comme elle peut être maltraitée et abimée). Mais cette intimité est loin d’être inexistante individuellement, elle sera juste plus ou moins câblée comme bonne et sécurisante selon notre vécu et la programmation que celui-ci a opérée sur nous. Si on devient un être suffisamment méditatif et aimant, on peut en arriver à kiffer son auto-intimité qui se nourrit du délice de vivre dans le bon et le beau de notre biologie, de notre psychologie, de notre esprit et de notre conscience, au même titre que l’on peut jouir sexuellement tout seul.

Heureusement d’ailleurs qu’on a un cortex préfrontal, des mains et un monde à comprendre et à profiter, sinon le célibat ne serait plus un espace de liberté plus ou moins aspiré par du manque, mais une souffrance, telle que doivent le vivre les animaux sociaux en cage…

L’humain libre est capable d’autosatisfaction, et pas que sur le plan sexuel, admettons ça. Seul, on sera juste moins récompensé par notre cerveau, qui est programmé à nous pousser biologiquement et culturellement à nous reproduire. Si on active des signaux sociaux qui nous font nous percevoir attractifs physiquement ou socialement, notre cerveau se met à produire du kif. Si on a les signaux sociaux inverses, c’est de la douleur qu’il génère. Et s’il y a des câlins et de la tendresse, il y a de l’ocytocine qui circule, et ainsi du sentiment de confiance et de l’attachement. Enfin voilà en partie la mécanique : que ce soit seul ou à plusieurs, ça reste de la programmation cérébrale, on est plus ou moins matrixé à kiffer seul et à plusieurs, selon notre corps, notre histoire, notre vécu et nos capacités méditatives et transformatives.

Quelle est la part de biologique et de culturel dans notre manière de ressentir et de s’organiser en amour ? Quelle part de détermination socioculturelle augmente ma préoccupation ou ma mise en mouvement vers la séduction et l’enrelationnement amoureux ? Je tiens à investiguer ces questions, car les fondements de nos besoins biologiques sont naturellement sains et bons à écouter et à prendre en compte. La vie se perpétue et s’empuissante, voilà le game primordial auquel prendre part. Ne pas vouloir y jouer, c’est se vouer à mutiler notre santé et notre vitalité. Et pour ce qui est des besoins promulgués et imposés par les normes sociales, disons que j’ai appris à m’en méfier…

Il est primordial, pour bien répondre à la question de la provenance de la part du mal qui intoxique l’amour, de se figurer avant tout que le biologique et le culturel sont très interconnectés. Mes réseaux neuronaux, qui sont de la biologie, se structurent en fonction de ce avec quoi j’alimente mon esprit en symboles et en représentations, d’une part, et d’autre part, comment j’en arrive à plus ou moins bien manœuvrer la machina : le corps dans sa pensée et ses mouvements (dont ces expressions verbales et non verbales). Biologie et noétique forment un système commun.

Et en fonction des milieux et des expériences, le phénomène épigénétique va également transformer et muter mon corps, qui va lui-même influer sur l’activation ou non de certains gènes chez mes propres enfants. Ce que j’ai vécu, ce que je perçois et ce que j’imagine et me représente sont déterminants spirituellement, physiquement et générationnellement. En un mot, nous sommes des êtres biosocioculturels déterminés et auto-redéterminables dans une certaine mesure. La question ici est de savoir sur quoi j’ai la main, ou plutôt l’esprit, pour m’extraire de l’actuel et me réinventer corpospirituelosocialement ? Quelles sont les clés pour opérer la méta-liberté qu’offre notre « tendre et chair » humanité ? Dans quelle mesure puis-je m’auto-reprogrammer pour mon bien et celui des autres ?

Et ben, dans la mesure de ce qui est possible, c’est à dire selon ma bioneuroplasticité avant tout. Et puis selon l’énergie, le temps et les compétences que j’y mets.

On pourrait formuler : C = B x I x E

Capacité d’auto-reprogrammation biosocioculturelle = Bioneuroplasticité x Investissement cognitif et existentiel vers la transformation x Effectivité de la méthode employée. En gros, si on en fait plus que ne peut admettre le corps, c’est du gaspillage ; si on fait ça mal, ça fera peu, voire peanuts ou pire ; et si on est maître en transformation biosocioculturelle mais qu’on préfère fuir nos peurs enfouies et s’en divertir ou écouter passivement nos parts dévalorisées et déprimer plutôt que se réconforter, eh bien, on ne changera pas d’un yota…

Mais bon, l’enjeu intellectuel ici est beaucoup plus de pouvoir savoir que faire avec mon autodétermination que de creuser comment l’opérer. Je peux juste lister les méthodes qui ont fait leurs preuves pour moi : Sport-Alimentation-Sommeil, Sevrage addictif, Méditation Pleine Conscience et Corporité (sans pensée), PNL, Autohypnose, Thérapie Centrée sur les Émotions, Internal Family System, Somatic Experiencing, Analyse transactionnelle, théorie PUA, Process Communication, Community Organizing, Management…

Bref, j’avance de jour en jour vers une meilleure maîtrise de ma capacité à transformer mon corps, mes émotions, mes actes, mes relations, mon environnement, mes institutions. Et la question maintenant, c’est quelle place donner aux relations amoureuses dans tout ça ? À quels jeux jouer : celui de la connaissance, de l’art, de la familiarité, de l’amitié, de la séduction, du couple, de la parentalité, de la production, de la guérison individuelle et politique ?

Comme toujours quand on est tenté de répondre avec cette part du cerveau simpliste et exclusive qui raisonne avec des « ou », il s’agit d’employer une fois de plus la méthode intégrative, qui permet à tout bon processus de se développer et de s’épanouir.

Tout est en fait une question d’écoute de mes différents besoins, d’en faire une bonne tambouille en prenant soin de passer tous mes désirs et mes manques au tamis de la raison pour affiner de jour en jour mon agir et mon aller-vers 🙂

Affinons intellectuellement là où j’en suis dans le raisonnement avant de produire une résolution :

  1. Si je veux bien vivre physiquement, il est important d’écouter mon instinct biologique qui me pousse à me reproduire et à enfamiller. Etant un animal sociofamilial doué d’amour, une part de mon être me pousse à fonder un doux et heureux foyer.
  2. Ce qui ne veut pas dire que je dois spontanément m’y soumettre. Étant un animal culturel, je suis capable, avec la puissance motivationnelle de ma libido, de faire d’autres choses que chercher compulsivement un partenaire avec qui m’accoupler. Bien que tout acte d’empuissantation physique, sociale et culturelle participe de mon attractivité sexuelle et amoureuse, conservant l’espoir amoureux, voire l’amplifiant.
  3. Une part de notre nature cognitive, la conscience, dispose d’un effet apaisant voire sublimant qui détermine, si on l’utilise bien, notre capacité de jouissance et d’émerveillement. Qui participe du fait de ne plus être dans le besoin affectivement en développant une paix et un bonheur corporel plus ou moins intermittent qui nous hisse par-delà les besoins physiques et sociaux compulsifs.
  4. Reste bien évidemment que même transcendé et spiritualisé, une part de notre corps agit sur nous et sur notre volition, nous invitant à jouir de toute l’étendue de nos besoins vitalisants, c’est-à-dire de tous les désirs élaborés dans le creuset de nos besoins naturels qui sont bons et nécessaires à la vie.
  5. Dans ce processus, les besoins sociaux pervers qui ont contaminé notre psychisme doivent être désactivés et reconstruits, recyclés dans le creuset des besoins naturels qui ont été à l’origine de leur création. Entendez : pour survivre, des parts de nous se sont polluées émotionnellement et perverties psychologiquement. Il s’agit de nous libérer de toutes nos aliénations d’autorités abusives et de nos traumatismes. De nous réoctroyer toute l’étendue de notre puissance vitale à des fins créatrices. Passer d’un sentiment de dévalorité et de menace excessive à un sentiment de puissance joyeuse et bienveillante. Réparer et transformer un état de manque compulsif et malaisant perpétré par de l’insécurité affective passée encore non soignée en un état apaisé et joyeux de tension stimulante et créatrice, faiseuse de force et de beauté.

Une fois réaligné avec la bonté et la beauté de la vie et du monde, amoureusement, vers qui aller ? Vers quelles relations ? Comment y aller ?

Et au fond, quelle énergie consacrer à ça ?

Vers qui aller ?

Vers les personnes qui sont attirées par nous et qui nous attire.

Vers quelles relations aller ?

Vers un cadre commun modulé et gradué du plus inclusif au plus exclusif. Selon les besoins de protection, de valorisation et de soin que la relation génératrice de bonheur commun nécessitent. L’important est de créer un cadre commun encourageant et sécurisant qui renforce la motivation et la capacité commune à persévérer dans son élan jouissif, créatif et protecteur.

Pour moi, plus la relation cochera de cases de l’empuissancement et de l’enbonheurissement commun, plus elle pourra devenir sujette à de l’exclusivité amoureuse :

  • attirance et complicité sensuelles et sexuelles
  • attirance et complicité sentimentales et affectives
  • attirance et complicité morales et intellectuelles
  • attirance et complicité créatives

Comment y aller ?

En nous guérissant psychologiquement de nos peurs sociales et de nos renoncements négatifs tout en intégrant et développant des connexions sociales positives. En s’enrelationnant et en se popularisant, en adéquation avec nos projets créatifs.

Car si l’être et le faire ne sont pas alignés, si le statut et la notoriété sociale ne sont pas en adéquation avec la force et le talent, nous réduiront le spectre des partenaires positifs possibles.

Bien que cette compréhension peut stimuler un narcissisme toxique, lié à une part de nous honteuse non encore guérie. Car oui, même s’il ne faut pas négliger le phénomène de l’attractivité sociale dans l’attirance que peuvent avoir les autres pour nous, l’amour est avant tout une question d’atomes crochus, de correspondance et surtout de non manipulation et il est préférable de s’enrelationner entre personnes désintoxiquées de leur part de contrôlisme maltraitant.

Mais pour gérer au mieux cet aspect des toxicités relationnelles lié aux sentiments de rejet-supériorité-infériorité, la meilleure approche est moins de guérir et d’éviter de s’enrelationner avec la part des autres qui est narcissiquement perverse et qui résonne avec notre part de nous dévalorisée que de comprendre le mécanisme de la psychologie abîmée par la dévalorisation. Si la perversion narcissique manipulatrice est toxique, son inverse l’est aussi ; la première se développe en contre-réaction au fait d’avoir intégré et exilé de la honte et de l’infériorité dans sa valeur personnelle, l’inverse se développe en s’incorporant aux dévalorisations passées. En y croyant, et en faisant de nous des saboteurs frustrés moqueurs incapable de prendre en main et en conscience toute l’étendue de leur pouvoir. Ce qui induit systématiquement une défiance envers le développement personnel et parfois envers la réussite des autres. Je ne pourrais qu’aimer pleinement une personne qui s’encouragera sainement au dépassement interpersonnel à des fins créatrices et non manipulatoire pour le bien de toutes et tous.

Bien sûr, personne dans notre société malade ne peut être complètement guéri de ses ressentiments liés à une valeur de soi abîmée ou de ses peurs liées au sentiment d’insécurité éprouvé pendant l’enfance. Mais si on arrive chacun à pouvoir être vulnérable auprès de l’autre, on peut alors s’entraider à se transformer individuellement ensemble, et ça c’est chouette 🙂

Et au fond, quelle énergie consacrer à ça ?

Une grande part de ce qui vit et existe est portée par une force vitale générative et protectrice qui cherche à produire et perpétuer encore et toujours plus de vie, ne la renions pas cette tension, générons notre meilleure socialité et amouralité envers soi et envers les autres, avec raison et passion.

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