Dans mon article précédent, j’avais questionné la notion d’identité. Identités que j’endosse plus ou moins consciemment, plus ou moins volontairement et qui me définissent, me donnant des rôles à jouer pour moi et bien souvent pour les autres. Des rôles parfois en conflit et souvent tiraillés entre mes besoins et les intérêts de ceux qui me nourrissent économiquement, affectivement, sexuellement et intellectuellement et de ceux qui m’obligent. Intérêts des autres plus ou moins biaisés et intoxiqués par leur compulsion psychologique à vouloir me contrôler.
Dans cet article, je vais explorer ce « me » que d’autres cherchent à contrôler.
Que « me » est ? Enfin, norme grammaticale oblige : que suis-je ? 😉
« Je » peut-être contrôlable donc. Contrôlable dans une certaine mesure par moi, si j’arrive à avoir suffisamment d’autorité dessus. Contrôlable dans une certaine mesure par vous, si vous arrivez à avoir de l’autorité sur moi. C’est là où ça commence sérieusement à devenir intéressant. D’une part, le « je » est une notion fugitive et vertigineuse : il semble toujours y avoir un moi en dessous ou en dessus du masque que l’on nomme ainsi. D’autre part, la notion d’autorité semble être une clé de compréhension majeure dans le phénomène de l’identité personnelle. Et enfin, l’identité personnelle ne serait pas le « je » profond ; elle serait la couche du « je » social que l’on trouve à la surface.
Et bien plongeons à la recherche de ce « je » profond…
Mais avant cela, connaissant la voracité de ma curiosité intellectuelle et ma capacité de dispersion, il est utile de bien m’équiper et surtout d’ajuster le baromètre des profondeurs et la destination.
En quoi m’est-il utile de mieux sonder ce « je » des profondeurs ? À quoi pourrait-il ressembler ? Existe-t-il vraiment ?
Nommons le « je » des profondeurs, le « je intime ». L’instance interne où siège notre liberté créative, le pilote expérientiel et narratif qui décide que faire, où aller, quoi apprendre, que chercher à dire… enfin ce machin qui fait qu’on est un sujet et pas un objet.
Ce « je intime » ressemble comme deux gouttes d’eau à l’âme dont parlent les mystiques.
Pourquoi j’ai besoin de bien comprendre l’essence de ce « je » pour mieux me vivre parmi les autres ? Parce qu’il semble être la clé de mon autorité personnelle. Il détermine la force et l’intensité de mon insoumission aux abus orchestrés par la manière plus ou moins respectueuse dont les autres défendent leurs intérêts (qu’ils soient illusoires ou non).
Alors voilà à peu près le schéma hypothétique que j’ai envie de poser :
Une part de nous piloterait le corps en conscience.
Des parts de nous, réagissant compulsivement, soumises ou rebelles, attentionnées ou protectrices activeraient le corps inconsciemment. Cette part inconsciente, plus proche de ce qu’on pourrait nommé « notre animalité » nous ferait nous émouvoir et agir instinctivement et compulsivement. Elle nous maintiendrait dans ce que les « autres et le « je intime » ont pu faire de notre corps et de notre cérébralité jusqu’à présent.
La première part, le moi intime et conscient, nommé « Self » dans le modèle de l’IFS, serait la part navigatrice en haut de l’iceberg de la personnalité. Et elle pourrait agir en premier lieu sur la destinée de notre existence (même si ça frotte et s’agite fort à l’intérieur). Mais elle pourrait aussi agir sur le véhicule de la personnalité (l’iceberg) en se désamalgamant des parts réactives et pulsionnelles d’abord et en les réintégrant ensuite, en les aidant à se reconstituer plus harmonieusement pour que tout cela fonctionne mieux ensemble. Que cela frotte moins et que tout le monde à bord vogue le plus plaisamment possible vers la destination co-concertée… Une sorte de biodémocratie interne, en quelque sorte.
Et le « me » du début d’article serait la part comportementale du corps qui est sujette à l’influence et à l’autorité des autres et dont le « moi intime » pourrait choisir de résister et/ou de se libérer plus ou moins facilement.
Voilà le topo de ma théorie actuelle du Moi. Elle m’invite à faire appelle à toute l’étendue de mon âme, à toute l’étendue de ma liberté avec le corps, ses habitudes comportementales prédéterminées et toutes les parts de moi et des autres qui luttent plus ou moins maladroitement pour la force, le kif et la beauté de vivre.
Laisser un commentaire