Quel humanisme pour demain ?

L’excellent Yuval Noah Harari, dans son ouvrage « Homo deus » distingue trois formes d’humanisme :

• l’humanisme libéral
• l’humanisme socialiste
• l’humanisme évolutionniste

Qu’en est-il de ces formes d’humanisme ? Quel sera le futur champ moral pour demain ?

Qu’est que l’humanisme ?

L’humanisme est un mode de croyance qui a pour fondement que le sens de la vie humaine se trouve en elle même sans avoir recours à une explication métaphysique supérieure autre que celui de développer et améliorer l’humanité.

L’humanisme est une « religion » anthropocentrée qui est aux commandes du monde moderne. Cette religion qui s’est vu naître dans les cendres des religions théocentrées des systèmes politiques monarchiques a connu plusieurs courants depuis son apparition au début de la modernité (à partir du XVème siècle et l’essor de la science et du capitalisme avec une hégémonie paradigmatique atteinte au XXe sciècle ) :

• le libéralisme plutôt supporté par les classes sociales privilégiées pour ne plus entraver et encourager la production de biens et de richesses par les entreprises et y développer des nations fortes promotrice de son modèle socioéconomique, le capitalisme, avec pour désir mimétique : la figure de l’entrepreneur.
• le socialisme plutôt supporté par les classes défavorisées et les fonctionnaires pour résister à la machine à exploiter les prolétaires qu’est le capitalisme, porté par le désir mimétique qui s’incarne dans la figure du révolutionnaire ou du sage dirigeant politique.
• l’évolutionnisme plutôt supporté par les perdants de la liberté et de l’inclusivité et donc de leurs privilèges de race, de genre, de nationalité et de validité pour rétablir l’autorité perdue dans la liberté et la perte des valeurs, avec pour désir mimétique : la figure du chef.

En fait, comme tous courants religieux, c’est le simplisme d’un cadre morale admis et opérant qui vont faire se développer par contre-réaction un courant en opposition qui aura pour vocation de rétablir l’oubli se trouvant dans le système en opposition, produisant dans son désir de revanche symétrique et inadapté un excès qui nourrira le développement d’une nouvelle organisation sociale en opposition…

Et l’humanisme le plus juste et le plus pertinent doit certainement se trouver dans la synthèse rectificatrice des simplismes portés par ces trois courants. Cela donnerait :

« Pour vivre dans un monde meilleur, il s’agirait de générer une nouvelle croyance-organisation qui :

• reconnaîtrait la pluralité et la capacité de réorganisation qui siège en tout être humain, et s’entendrait collectivement sur les choses qui sont meilleures que d’autres afin d’en prendre soin, de les défendre et de les protéger, pour qu’à terme la souffrance humaine soit un phénomène systémiquement bien compris, soigné et prévenu.
• donnerait de la puissance correctrice à ceux qui œuvre à communément corriger les déséquilibres de pouvoir, générateurs de souffrances et d’abus.
• encouragerait le développement de tous systèmes autocorrectifs pour rendre l’humanité toujours moins ignorante, injuste et destructive. »

Un néosocialisme en somme.

De la nécessité de sortir de l’anthropocentrisme

Dans cette fin de période de Modernité marquée par des enjeux sociaux et écologiques qui mettent en péril la santé du Vivant, continuer à penser que ce qui est bon pour l’homme est bon en soi, c’est continuer à nous mener vers le mal-être et la mort. Car sans considérer les autres vivants et la place relative de l’humain dans le monde et l’univers c’est commettre un « péché » d’illusion et d’orgueil qui nous conduit tous vers de plus sombres lendemains.

Nous n’avons pas besoin de tout ce que nous désirons parce que d’une part cela ne nous rend pas vraiment heureux et que d’autres part nous n’en avons tout simplement pas les moyens. En tous cas, pas pour le moment, car nos moyens sont encore trop polluants pour la planète, pour la vie sociale, pour l’amour et le plaisir de vivre ensemble en harmonie, longtemps et intensément.

Un biosocialisme en fait.