Nous sommes des êtres conscients dans une vie humaine et un corps animal.
Si nous sommes dotés d’une conscience, c’est à dire d’une capacité à saisir intellectuellement ce qui se passe en nous et autour de nous, nous sommes également « doués » d’inconscience.
Notre corps fonctionne en grande partie par automatismes : mouvements réflexes, respiration, battements cardiaques, température, croissance, fonctionnements organiques, cellulaires, génétiques…
L’expérience humaine se situe au travers de trois plans en interactions dynamiques:
- les sensations et comportements du corps
- nos interactions sociales
- notre compréhension et notre créativité
Dans quelle mesure pouvons-nous agir sur les comportements inconscients de notre corps ?
L’inconscient, par nature fonctionne sans « nous », il s’agit des fonctionnements que la nature a établis tout au cours de notre évolution sur Terre. La conscience humaine est en quelque sorte une innovation au sein du vivant.
Le conscient permet :
- de se fonder une identité propre
- de mettre en perspectives nos réactions faces à des événements internes ou externes
- d’améliorer indirectement sa condition humaine (pour être dans un monde plus beau, il faut pouvoir ressentir le moche)
Le conscient ne permet pas :
- d’agir directement sur le monde (ce n’est pas parce que je comprends que les autres comprennent)
- d’agir directement sur soi (ce n’est pas parce que je saisis que je modifie mes comportements)
Pour que le conscient est un rôle agissant sur l’inconscient, il faut qu’il y ait appropriation de la volonté mentale par les mécanismes inconscients. Cela se passe par la répétition suffisamment fréquente de comportements nouveaux pour que l’acte réfléchi se transforme en habitude et en activité automatique. Il s’agit ici de la capacité d’apprentissage propre à l’humain. Capacité qui peut être optimisée par les techniques d’hypnose qui favorisent la « communication » entre le conscient et l’inconscient.
La capacité d’apprentissage a ses limites : seul peut être acquis de manière inconsciente ce qui respecte les lois de la nature telles que:
- les lois de la physique et de la biologie (tout est lié, rien ne se perd, rien ne s’auto-génère, tout se transforme)
- Les lois du vivant (principe de survie et de puissance)
- Les lois psychologiques (inertie d’identité, prédominance de l’inconscient sur les émotions)
Dans quelle mesure pouvons-nous agir sur nos comportements sociaux ?
Nos comportements sociaux sont en grande partie inconscients. Quand je suis avec les autres, je fonctionne différemment que lorsque je me trouve seul. Les autres personnes nous font sortir de notre intimité en quelque sorte. Lorsque je suis persécuté, je ressens une souffrance immense, quand je suis estimé, je ressens une joie immense. Hors pathologie, le poids que les autres ont sur mes propres émotions est supérieur à celui que j’ai moi-même sur celles-ci.
Les relations familiales régissent les comportements sociaux humains. Nous naissons dans le besoin d’autrui car nous avons besoin d’eux pour subsister puis pour nous donner un rôle dans la société et engendrer une famille.
Au travail, on retrouve les mêmes types de relations:
- nous nous comporterons comme un enfant soumis face à un chef autoritaire
- nous nous comporterons en enfant rebelle face à un manager trop laxiste
- nous nous comporterons en parent autoritaire et/ou nourricier envers nos collaborateurs auxquels nous faisons autorité
De même, pour les relations des citoyens qui se comportent en enfant soumis, rebelle envers les représentants de l’Etat.
L’autorité, le soin, la soumission ou la rébellion qui se trouvent au cœur des relations familiales se retrouvent dans les cercles relationnels extérieurs : du plus petit groupe à la société la plus large et la plus complexe.
Nous ne pouvons pas échapper à ces rôles naturels qu’il faut savoir composer et jouer au mieux pour obtenir le meilleur de notre compagnie parmi les hommes.
L’enjeu ici n’est donc pas de s’opposer à nos comportements sociaux de nature mais à se construire individuellement un rôle et une posture qui nous collent au mieux et qui fonctionnent au mieux avec autrui.
Dans quelle mesure pouvons-nous agir sur notre compréhension et notre créativité?
L’esprit humain est capable de raison et de création.
Et c’est dans ses capacités d’abstraction que l’humain innove, qu’il fait évoluer son monde vers plus de confort, de beauté et de justice.
L’esprit d’observation, de structuration et de création se cultive dans le détachement et l’abstraction.
Cet état s’obtient par pratique méditative répétée et qui consiste à tenir à distance suffisante les pulsions opposées à une pensée construite et libérée.
Ces pulsions sont:
- la flemme qui préfère le divertissement à la réflexion
- l’égo qui se préfère lui-même à la cause
- l’indétermination qui ne préfère pas s’impliquer
Bien évidemment, nous avons besoin de repos et de divertissements, de paraître et de plaire et de ne pas s’impliquer dans tous les domaines. Cependant, nous grandissons en intelligence dans la mesure où nous savons équilibrer nos pulsions et faire croître les moments propices à la compréhension et la création en mettant de l’ordre en soi.