Les ressentiments engendrent les jugements trop négatifs.
Les illusions engendrent les jugements trop positifs.
Les jugements excessifs nous enferment dans des positions de vie qui soit nous isolent du monde, soit nous y impliquent faussement.
L’enjeu est ici de retrouver cette forme d’innocence propre à l’enfance tout en ne sombrant pas dans l’illusion.
Comment retrouver son cœur d’enfant ?
On nous fait devenir grand. Malheureusement les « grands » ne semblent pas si heureux…
Enfant, je suis en lien direct avec mes émotions, quand je suis dans la joie, je m’y trouve pleinement. Quand je suis dans la peine, aussi…
L’adulte qui grandit en nous trouve des moyens de contenir nos émotions. Car les grands n’aiment pas ça les émotions. Et certaines plus que d’autres. En général, les émotions qui renvoient des signaux de faiblesses sont mal vues voire punies. Dans certaines familles, la joie est mal vue, dans d’autres c’est la tristesse ou la colère. Et c’est là où on se pollue l’âme et les émotions.
Normalement, si :
- je suis triste, c’est que j’ai subi une perte
- j’ai peur, c’est que je sens un danger
- je suis en colère, c’est que j’ai subi un préjudice
- je suis heureux, c’est que je ressens du plaisir
L’excès d’une émotion est le symptôme d’une incapacité à faire face aux pertes, aux dangers, aux préjudices, aux plaisirs…
La non acceptation d’une émotion engendre la possibilité d’avoir honte. En psychanalyse, l’entité qui est à l’oeuvre dans l’appropriation des interdits est le Surmoi. Ce Surmoi, c’est notre Parent Normatif intérieur, ce « grand en nous » qui nous pousse à agir contre nos émotions. Cette conscience morale peut nous amener à tellement refouler nos émotions que c’est notre énergie et notre vitalité qui en viennent à dépérir.
Retrouver l’enfance en nous, c’est se libérer intérieurement de nos interdits intérieurs abusifs, excessifs. Ceux liés à une éducation trop brimante, trop castrante, trop hostile…
Préserver notre innocence, c’est avoir un Adulte en soi capable de traiter les causes racines de nos émotions négatives et capable de construire les chemins vers les émotions positives.
Comment être lucide et heureux ?
S’il nous faut développer notre capacité à cultiver notre âme d’enfant afin de ressentir plus de joie de vivre et de volonté de partage, il ne faut pas pour autant perdre de sa lucidité.
Nous vivons dans un monde perverti par les interdits moraux excessifs et les violences que les plus forts ont tendance à infliger aux plus faibles.
Et ce n’est parce qu’il y a de la souffrance dans le monde que je dois m’interdire d’être heureux.
Et ce n’est pas parce qu’il y a de l’amour en moi que je dois l’offrir à « tous les vents ».
Il s’agit donc de savoir nourrir son amour intérieur sans que cet amour-confiance donné ne se retourne contre nous par le biais du sentiment de victimité que l’humiliation peut nourrir.
Si je subis un rejet ou une violence, l’amour peut se transformer en haine. Cette haine va engendrer des préjugés, de l’isolement et des confrontations nocives pour demain.
Il nous faut donc aimer l‘âme innocente qui siège au cœur de chacun, tout en prenant garde aux épines laissées par les expériences douloureuses.
Apprendre à cueillir le meilleur de chacun sans se frotter aux épines du mal…
Ce mal qui est la haine, ce mal qui est ce sentiment né des douleurs d’estime du passé.
Réapprendre à aimer notre enfant intérieur, cette âme joyeuse et innocente.
Pouvoir et savoir aimer les autres sans trop s’y piquer.