Quel est mon appétit pour le monde ? Suis-je en quête d’admirations, de revanches, de belles relations ?
Il n’y a pas de vie sur terre qui ne soit pas portée par l’intention de croître et de dominer. Certes nous pouvons rester parfois spectateurs de ce que la vie nous apporte en cultivant l’art du contentement. Cependant, il y a au cœur de notre nature, une propension à interagir avec notre milieu pour toujours mieux se nourrir de lui.
Qu’est-ce qui peut bien nourrir une existence humaine ?
Comme vu dans l’article sur la frustration, l’existence humaine connait une hiérarchie de besoins. Tous les niveaux de propensions relatives à notre corps et notre âme aboutissent à des désirs de tout ordre, développent en nous des « appétits » pour le monde : il me faut un être à aimer, il me faut un groupe à intégrer, il me faut des sujets à explorer et des histoires à raconter, il me faut une communauté qu’y puisse m’admirer…
Il y a en cela les échecs et les cadres moraux qui nourrissent la frustration et le ressentiment. Tout cela a tendance à construire et perpétuer un état d’esprit qui brime l’ambition. – Cfr. généalogie de la morale de F.Nietzsche
Il y a en cela aussi, les souffrances psychologiques du passé qui poussent à démontrer l’inverse de ce en quoi les autres nous diminuaient…
Pourquoi l’ambition peut-elle nous pousser parfois à désirer plus que notre propre bonheur ?
On trouve l’explication dans le facteur social. Avouez que lorsqu’on est seul, on a tendance à rien faire, à être passif et profiter tranquillement de ces moments d’intimité absolue ?
Ce qui nous anime psychologiquement : c’est le désir des autres.
Le désir de plaire, d’être « fort » et aimé nous pousse naturellement à nous accomplir en société. Ce désir est porté par la puissance psychique individuelle. Et même si nous ne sommes pas tous égaux sur ce plan, tout le monde tend à vouloir être un héros ou une héroïne (sinon Hollywood ne ferait pas un tel chiffre d’affaires…).
Ce qui va déterminer l’intensité de notre ambition dépend de plusieurs facteurs :
- Notre volonté de puissance intérieure (force d’individuation)
- Notre niveau de confiance en nous (ce qui nous fait agir malgré la pression sociale de ceux qui sont plus ou moins soumis à leur cadre de non-réussite)
- Notre potentiel de réussite (capacité à comprendre, à ne pas abandonner et à se surpasser, volonté)
- Nos blessures psychologiques (amertume intérieure qui pousse à la revanche voire à la vengeance) qui développent nos complexes d’infériorité-supériorité
- Notre capacité à surmonter nos échecs
Nous sommes naturellement attirés par les individus socialement influant. Notre sens naturel de la position sociale (infériorité/supériorité) nous anime de la même manière que le sens du beau (laid/attirant) nous fait réaliser un bon travail ou une belle oeuvre.
Le sens de l’estime de soi est pour l’humain le plus prépondérant. Il est le moteur de toute ambition. S’il lui faut un potentiel et une énergie pour se transformer et aller à la conquête du monde et des autres, il lui faut également un but et des objectifs.
Ce qui va déterminer les objets d’ambitions dépend également de plusieurs facteurs :
- Notre cadre moral personnel (ce que notre milieu nous encourage et nous interdit d’être et que nous avons assimilé)
- Notre niveau de haine en nous (nervosité naturelle et souffrance passée non résolue)
- Notre lucidité (la capacité à ne pas se fourvoyer dans des illusions)
- Notre capacité d’imagination (la capacité à projeter et à créer des formes nouvelles et des concepts puissants)
- Notre rapport au monde et à nous-même (Dans quelle mesure suis-je capable de « me plaire à moi-même » au détriment de l’opinion des autres ?) – cela qui pousse les « véritables héros » à agir en fonction de leur propre idéal et non de la norme.