Les besoins engendrent des désirs au travers de notre vécu, d’un contexte personnel et de notre imagination.
Chaque besoin est une sorte de réceptacle pour nos désirs. J’ai faim et je désire un sandwich ou un plat cuisiné, j’ai soif et je désire de l’eau ou un soda, j’ai envie de faire l’amour et je désire tel homme ou telle femme, j’ai envie d’être reconnu et je désire telle ou telle carrière…
Dans quelle mesure pouvons nous agir sur nos désirs ?
Nous pouvons agir sur nos désirs dans la mesure de notre capacité à repenser les objets de nos désirs et à réorienter notre psyché vers ces nouveaux objets.
La psyché est l’appareil « cognitivo-organique » qui nous permet de ressentir nos besoins au travers de nos émotions. Il s’agit de l’interface corps/inconscient-mental/conscient.
Dans le domaine du conscient (ce en quoi nous agissons sur nous-même), nous pouvons élaborer n’importe quels fantasmes, n’importe quelles imaginations de ce que nous pouvons être dans le monde. Et lorsque l’on quitte le domaine de l’idée pour retranscrire cette intention mentale dans notre vie, nous faisons appel à notre volonté.
Dans le domaine de l’inconscient (ce sur quoi notre mental ne peut agir directement sur nous) siège ce qu’on pourrait appeler notre âme (ce qui nous anime, nous pousse à agir dans toutes les dimensions de notre être). Notre âme essaie de communiquer à sa manière avec notre mental et cela au travers de notre corps. Pour cela elle fait appel aux émotions brutes (peur, colère, désir physique, dégoût, plaisir) pour les besoins primaires, aux sentiments (possessivité, amour, sentiment de rejet, sentiment de fierté) pour les besoins plus humains et à d’autres formes de sensibilités pour les besoins spirituels (curiosité intellectuelle, désirs existentiels, volonté de puissance).
Si ces signaux habituels ne sont pas pris en compte et que notre situation personnelle n’évolue pas dans le sens de nos besoins, alors nous pouvons somatiser, c’est-à-dire souffrir de mal de dos, de mal de peau… L’âme ne lâchera jamais le morceau comme ça.
D’une manière habituelle, l’agissement sur nos désirs se joue dans les rapports de forces intérieures entre un mental qui veut agir sur soi et un corps qui nous pousse vers nos besoins. Ce processus entraîne de la peine voire du danger selon que :
- notre niveau d’illusion est élevé (car désirer l’impossible entraîne la désillusion et peut provoquer de l’isolement)
- notre capacité d’agir est faible (car désirer le possible sans pouvoir l’atteindre entraîne la frustration)
- nos priorisations sont inadéquates (se poser la question du sens de la vie si nous sommes poursuivis par une meute de loups est le meilleur moyen de la perdre : nos besoins plus « historiques » sont prioritaires sur nos besoins plus « récents » selon l’échelle naturelle de nos besoins)
L’enjeu psychologique pour une meilleure harmonie volitive réside dans la capacité de réconcilier notre âme et notre volonté. Les phénomènes qui engendrent du conflit entre les deux sont :
- Une morale excessive (car notre âme n’a pas de morale en soi, elle ne cherche que la satisfaction de l’ensemble de nos besoins, amour compris)
- La démesure (car l’illusion envers soi-même, c’est-à-dire l’inconscience de ses propres limitations est le symptôme de besoins fondamentaux comme d’être aimé et estimé insuffisamment satisfaits)
Ainsi notre corps et notre être ne seront jamais en harmonie si nous n’écoutons pas suffisamment notre âme au travers de notre corps. Et si se construire des désirs illusoires n’est pas le bon comportement, agir trop directement dans le sens de nos besoins est impossible ou suicidaire. Il font donc partir de nos besoins et de nos contextes existentiels pour élaborer les meilleurs désirs : ceux qui nous portent le plus assurément possible vers du mieux.
Comment pouvons-nous mieux équilibrer nos besoins ?
Notre appareil psychique est doté d’une capacité de refoulement. C’est la stratégie qu’il a trouvé pour que nous puissions vivre en société. Si nous ne refoulons pas notre haine ou notre désir sexuel, nous allons au devant de punition sociale… Le problème c’est que la société a incorporé un certain nombre de valeurs qui sont contraires à la satisfaction de nos besoins sans pour autant forcément organiser les canaux de satisfaction appropriés. Nous avons tendance à interdire en bloc plutôt que d’apprendre à nous satisfaire d’une manière convenable…
Notre appareil psychique est doté d’une capacité de compensation. Cela permet à l’âme de se nourrir d’une manière détournée : si je ne le peux pas, je peux le rêver ; si je ne me sens pas en sécurité, je peux fumer ; si je ne peux me nourrir affectivement ; je peux grignoter ; si je ne peux nourrir mon estime, je peux boire…
Ce phénomène de compensation peut nous maintenir dans une situation peu satisfaisante. Ces compensations peuvent entraîner des addictions plus ou moins fortes en fonction de la durée et de l’intensité des habitudes prises. La satisfaction de besoins par des voix détournées engendre des addictions limitantes.
Arrêter brutalement d’assouvir ses addictions sans recentrage de son être sur les vrais besoins associés n’améliorera pas notre niveau de bien-être émotionnel. Ainsi il s’agit de toujours mieux comprendre ses besoins pour mieux agir dans sa relation à soi et au monde.
Comment pouvons-nous mettre de l’ordre dans nos désirs ?
Pour mettre de l’ordre dans nos désirs, il faut donc :
- Affiner la connaissance de nos propres besoins à partir de ce que nous « dit notre âme » à travers les sensations de notre corps
- Faire un état des lieux de nos manques, de nos besoins et de nos désirs
- Réajuster et trouver les objets de nos désirs qui comblent le plus directement nos manques à partir de nos vrais besoins
- Ajuster le niveau d’exigence de nos désirs les plus cruciaux en fonction de notre capacité actuelle et de notre potentiel
- Apprendre et agir dans le sens de la satisfaction de nos meilleurs désirs
- Se libérer naturellement de nos addictions au fur et à mesure de l’équilibrage de nos besoins et la satisfaction de nos meilleurs désirs
le désir est selon le bouddhisme l’origine de tous nos maux et préconise le non attachement. J’ai de plus en plus l’impression de ne plus avoir de désirs, m’étant libérée de beaucoup de choses, mais j’ai toujours des souhaits tournant autour de la santé, l’équilibre, la paix 🙂 bonne fin de dimanche 🙂
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Merci pour ceci
Certains maux sont les fruits pourris nés de mauvais désirs : ceux illusoires ou tournés vers la souffrance sans pour autant que le désir soit mauvais en soi. L’enjeu rationnel de l’existence étant plus, il me semble et comme vous l’avez entrepris vous même : la sublimation de nos désirs. Excellent dimanche à vous aussi
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